Des bouquets d’étoiles, maîtres du marché?
Sur le marché des fleurs coupées, les astéracées s’avèrent incontournables, par le nombre d’espèces vendues comme par la place qu’elles occupent ou encore la valeur qu’elles dégagent. Tour d’horizon d’un marché aux mains des Néerlandais.
Le marché des fleurs coupées
Quand on parle de fleur coupée et avant même de parler de la place des astéracées dans ce marché, il faut en donner quelques caractéristiques. Du fait de son faible poids et des progrès de la conservation post-récolte, la fleur coupée est un produit qui voyage facilement par avion. Le marché peut donc profiter, d’une part, des zones de production climatiquement adaptées (Californie, Midi méditerranéen pour la France, etc.) et, d’autre part, des pays à faible coût de main-d’œuvre. On trouvait par exemple, en 2017, 9 % des surfaces de production en Amérique du Sud (Brésil, Équateur, Colombie) et 2 % au Kenya (Eurostat 2017).
Il s’agit d’un marché très mondialisé, pour lequel la notion de proximité n’est pas la caractéristique principale. Cependant des labels commencent à voir le jour localement, comme « Fleurs de France ». Créé sous l’impulsion de Stéphane Le Foll, alors ministre en charge de l’Agriculture, « Fleurs de France » certifie que la fleur, la plante, l’arbuste, l’arbre ou le bulbe ont été produits sur le territoire national, par des producteurs engagés dans une démarche éco-responsable. En Europe, les Pays-Bas jouent un rôle majeur puisqu’ils sont les premiers producteurs de fleurs coupées et les maîtres du commerce international.
Les astéracées, « stars » du marché ?
Pour situer l’importance des astéracées parmi les fleurs coupées, nous avons considéré les résultats du commerce néerlandais. D’après FloraHolland (2017), il se vend annuellement sur les marchés néerlandais 3,3 milliards de roses, 1,8 milliard de tulipes, 1,4 milliard de chrysanthèmes et plus d’un milliard de gerberas. Si la star reste bien la rose, on notera quand même que deux astéracées occupent le top 4.
Si l’on considère les valeurs en euros, le classement est un peu différent. Le chrysanthème passe à la 3e place derrière la tulipe et le gerbera à la 5e derrière le lis. Si l’on considère maintenant les achats (en valeur) des Français (panel consommateurs Kantar pour Val’hor et FranceAgriMer, données 2018), le gerbera se situe à la 4e place mais, curieusement, le chrysanthème ne figure même pas dans le top 10. En France, les professionnels considèrent qu’il ne faut pas utiliser le mot chrysanthème pour les fleurs coupées car trop symbolique des cimetières. D’autres appellations sont en conséquence utilisées, correspondant à des types floraux (Santini, Tokyo…). Il est donc probable que, dans ce panel consommateurs, la classe « marguerite », qui figure à la 8e place des achats des Français, englobe une partie ou la totalité des chrysanthèmes vendus comme fleurs coupées.
Une représentation considérable
Encore quelques chiffres. Si l’on se réfère à l’ouvrage publié en 2005 par The Flower Council of Holland, il se vendait alors sur les marchés Hollandais 540 cultivars de fleurs coupées appartenant à 44 familles botaniques. Les six genres majeurs étaient le chrysanthème avec 38 cultivars, la tulipe avec 35, la rose avec 33, l’œillet avec 29 et le gerbera avec 28. Les astéracées représentent 23 % de ce total avec plus de 125 cultivars, appartenant à 28 espèces (cf. tableau). Il faut y ajouter l’artichaut qui figure dans les « rameaux coupés ». Seule la famille des liliacées (tulipe, lis, etc.) fait presque aussi bien avec une vingtaine d’espèces.
Noëlle Dorion
Membre du bureau de la SNHF en charge de Jardins de France
Genres, espèces et variétés d’astéracées vendues en fleurs coupées sur les marchés néerlandais en 2005