Culture des orchidées en intérieur : Le cas de celles adaptées aux variations de climat
Philippe Lemettais
Pourquoi faire dormir ses orchidées à la belle étoile en été ?
En climat tempéré frais (Europe par exemple) les nuits d’hiver sont très longues et très fraiches, la majorité des plantes vivaces perdent alors leurs feuilles pour entrer en dormance, minimisant ainsi les pertes d’énergie. Les réserves emmagasinées dans les racines à l’automne permettront de nourrir la plante à la reprise de la végétation. Mais en climat intertropical, les nuits sont plus longues et plus chaudes, les plantes n’entrent pas en dormance mais subissent seulement un ralentissement de la végétation (repos hivernal) lors de la saison sèche plus fraiche (hiver et début de printemps). Les orchidées auront donc besoin de réserves nutritives pour passer cette période défavorable. La plupart d’entre elles développent alors un renflement des tiges aériennes (nommés pseudo-bulbes) qui font office d’organe de stockage. Elles élaborent ces réserves (sucres) pendant la journée grâce à la photosynthèse et en consomment une partie la nuit, faute de lumière. C’est pourquoi on a intérêt à baisser la température la nuit pour ralentir les réactions consommatrices de réserves. A l’extérieur, les écarts diurnes sont plus importants qu’à l’intérieur. D’où l’intérêt de sortir les plantes pendant la belle saison.
Des précautions à prendre.
Plus les plantes poussent en altitude, plus les écarts de température importants entre le jour et la nuit sont importants. Il faudra donc les sortir plus tôt que celles de basse altitude qui nécessitent des températures plus élevées. Mais si vous commencez à sortir vos plantes très tôt (dès que les gelées ne sont plus à craindre), il est judicieux de recouvrir vos orchidées d’un voile d’hivernage pendant les nuits fraiches.
Après un séjour hivernal en intérieur, les plantes ont manqué de lumière, et les feuilles en ont souffert. Une brutale exposition en plein soleil les brulerait irrémédiablement. Il faut donc commencer par placer les pots sous un arbre au feuillage léger. Après 2 ou 3 semaines, elles pourront être plus exposées, tout en évitant le soleil trop chaud entre 11h et 16h.
L’idéal est de suspendre les pots aux branches basses d’un arbre. On évite ainsi que limaces et escargots ne dévorent vos protégées qui émettent leurs nouvelles pousses bien tendres. Mais on peut aussi les placer sur une table, ce qui est plus commode pour les arrosages. Attention alors aux gastéropodes ! Personnellement, je place les pieds de la table dans des assiettes très larges que je remplis de cendre de bois très fine. Limaces et escargots ont horreur de passer sur la cendre et cela évite leur incursion dévastatrice. La cendre doit être protégée de la pluie, car une fois mouillée, elle est sans effet. C’est le cas si la table possède un plateau assez large.
Normalement, la pluie va arroser vos plantes et laver le substrat. Il ne vous restera donc plus qu’à procéder aux arrosages avec engrais si le substrat reste bien humide. Cependant, il est prudent d’arroser, si possible le matin, afin que l’eau ne stagne pas sur le feuillage trop longtemps. Et par forte chaleur, il est bon d’arroser autour de la table le soir pour faire baisser la température rapidement et amener une forte humidité ambiante.
Les Cattleyas
Le genre Cattleya est l’exemple type de plante à sortir l’été. De culture facile en serre et en véranda, plus difficile en appartement par manque de lumière, ils vous gratifient d’une floraison de 2 à 4 semaines avec des fleurs au parfum suave en général.
L’inflorescence émerge d’une spathe qu’il ne faut jamais couper avant la floraison. En effet, chez certaines espèces, la spathe se dessèche avant l’émergence de la hampe florale, et il est arrivé que des amateurs non avertis la coupent, pensant que la floraison avait avorté.
Des températures fraiches donnent des fleurs plus foncées. Diminuer les arrosages pendant la floraison prolonge la durée de vie des fleurs.
Il leur faut un maximum de luminosité : le plein soleil en hiver, pas en été.
La température d’une pièce fraiche leur convient très bien en hiver. La culture à l’extérieur s’impose entre fin mai et octobre. Une bonne hygrométrie (75 %) est de règle toute l’année.
Les arrosages doivent être abondants et réguliers pendant la croissance avec de l’engrais dilué une fois sur deux.
En automne, il faut espacer largement les arrosages et supprimer l’engrais pour une période de repos, mais les pseudo-bulbes ne doivent pas se rider.
On pratique le rempotage tous les 2 ans, à la reprise de la végétation, avec un substrat à base d’écorce de pin et de billes d’argile expansée pour avoir un mélange bien drainant. Attendre 15 jours avant de reprendre les arrosages. Le pot ne doit pas être trop grand.
Autres genres
Cymbidium
Contrairement aux espèces à grosses fleurs qui demandent de la fraicheur comme le Cymbidium ‘Seymour Tower’, le type Cascade comme le Cymbidium Plush Canyon ‘Trinity’ exige davantage de chaleur – © P. Lemettais
Les Cymbidium sont des plantes de culture facile, donnant une floraison de 1 à 3 mois en hiver et au printemps. Chez quelques espèces, les fleurs sont légèrement parfumées.
Ils demandent beaucoup de lumière, mais pas le soleil direct en été.
Les espèces à grosses fleurs sont des hybrides obtenus à partir de plantes terrestres d’altitude demandant de la fraicheur. On doit les cultiver dehors de mai à fin octobre et les rentrer juste avant les premières gelées. Celles à petites fleurs et hampes florales retombantes (type Cascade) sont des hybrides de plantes épiphytes de basse altitude et nécessitent plus de chaleur. On ne les sortira que de fin mai à fin septembre.
Ils nécessitent peu d’humidité en hiver (40 à 60 %) si les températures sont fraîches.
Les arrosages seront faits avec de l’eau calcaire pour les espèces à grosses fleurs, avec de l’eau non calcaire pour les épiphytes. Ils seront abondants en période de croissance, et plus espacés à partir de l’automne. En hiver, les plantes d’altitude doivent être conservées dans une pièce fraiche, et les arrosages très espacés pour éviter la pourriture des racines. Il faut attendre que les boutons soient bien ouverts avant d’en profiter dans une pièce chaude.
La période de repos est très légère due à la réduction des arrosages en hiver, et la suppression de l’engrais. Mais la végétation se poursuit avec la croissance des hampes florales.
On effectue un rempotage quand c’est vraiment nécessaire, en début de végétation et dans des pots assez hauts car les racines sont longues.
Le substrat (écorce de pin et billes d’argile) est complété de 10 % de sphaigne ou de tourbe si vous avez tendance à peu arroser ou 10% de charbon de bois si vous avez la main lourde pour les arrosages. Il vaut mieux lester le fond du pot avec des pierres calcaires ou des gravillons.
Ces plantes vigoureuses supportent un arrosage hebdomadaire à l’engrais ; engrais azoté pendant la croissance des nouvelles pousses, puis à l’automne plus fort en potasse et phosphore. Arrêter pendant les mois d’hiver jusqu’à la reprise de la végétation.
Dendrobium nobile
Les jardineries proposent maintenant des hybrides de Dendrobium nobile, une espèce des collines pré-himalayennes, qui a besoin de chaleur le jour et du frais la nuit. L’hiver doit être très frais. On les cultive comme les Cymbidium, avec une hygrométrie plus élevée (environ 80 % toute l’année.), des arrosages à l’eau non calcaire. La période de repos pendant l’hiver est obtenue par des arrosages très espacés et une température très fraiche (collé à une fenêtre exposée au nord).
Le rempotage se pratique tous les deux ans dans des petits pots. Des pots en terre peuvent permettre de stabiliser la plante. Un fond de tuiles cassées peut assurer un bon drainage.
L’engrais dilué n’est apporté qu’un arrosage sur deux,
Oncidium
Les conditions données ici sont celles pour les Oncidium du type ‘Pluie d’Or’ et ornithorhynchum, ce dernier particulièrement intéressant pour son parfum.
Ces plantes demandent un peu moins de lumière que les précédentes, des températures plus tempérées en hiver, une forte humidité ambiante, surtout quand elles développent de fines racines aériennes.
*www.jardinsdefrance.org/cultiver-des-orchidees-en-interieur/
//déjà paru dans JdF//