Champignon invasif, la chalarose dessèche les frênes

Yves Lespinasse

Une nouvelle maladie, la chalarose du frêne, est apparue en Pologne puis en Lituanie au début des années 1990. Le champignon Hymenoscyphus pseudoalbidus en est le responsable – Chalara fraxinea étant sa forme asexuée. Il s’est, depuis, répandu à travers l’Europe : France, Suisse, Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Royaume Uni, ... Son origine serait asiatique.

Nécroses corticales parfois chancreuses, associées à une coloration grise du bois sous-jacent : des symptômes de la chalarose du frêne - © C. Husson - INRA

Le frêne est une essence largement répandue et représente un intérêt sylvicole important. En France, c’est la quatrième essence feuillue après le chêne, le hêtre et le châtaignier, couvrant 620 000 hectares, soit 4 % de la surface forestière, et 90 millions de mètre cube de volume sur pied. Fraxinus excelsior, le frêne commun est l’espèce dominante devant F. angustifolia, le frêne oxyphylle, surtout présent dans le sud de la France. Hormis la forêt, le frêne est aussi présent dans des habitats très variés comme les haies et le long des cours d’eau. Il est aussi utilisé en plantation dans les zones urbaines le long des routes et des rues, les parcs et jardins. L’émergence de la chalarose risque donc de modifier les pratiques sylvicoles et le paysage forestier, rural et urbain (Husson et al., 2013). En France, le premier foyer a été décelé en 2008, précisément en Haute-Saône, puis dans le Pas-de-Calais fin 2009. Progressivement, les zones contaminées se sont rejointes et tous les départements situés au nord d’une ligne approximative Cherbourg-Grenoble sont touchés (voir carte au 31 décembre 2013).

Flétrissement, nécrose, mortalité des rameaux

Les arbres atteints présentent des flétrissements et/ou des nécroses du feuillage, des mortalités de rameaux, des nécroses corticales parfois chancreuses, associées à une coloration grise du bois sous-jacent. Tous les âges sont touchés. Les premiers symptômes s’observent sur les jeunes sujets et, de façon concomitante, des mortalités de pousses et de fines branches se multiplient dans les houppiers des arbres adultes. Des nécroses sur le collet sont aussi observées sur un grand nombre d’arbres. L’état sanitaire des arbres touchés au collet se dégrade rapidement alors que la maladie progresse lentement sur ceux qui ne présentent pas de nécroses au collet (Goudet et Piou, 2012).

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Jardins de France 631. septembre-octobre 2014