Bambous traçants attention ! Magnifiques mais pervers
Les experts de la SNHF
Le bambou est une monocotylédone appartenant à la famille des graminées (poacées) sous-famille des bambusoidées autrement dit, en exagérant un peu, c’est l’équivalent ligneux d’une fétuque (poacées à gazon). Comme leurs cousines herbacées, les bambous dont la tige est aussi appelée chaume, ont une forte capacité de colonisation qui dépend néanmoins de l’espèce. Toutes les espèces de bambous colonisent leur espace grâce à des rhizomes. Ces tiges souterraines accumulent des réserves, leur extrémité se redresse à une certaine distance du pied mère et utilise les réserves pour débuter sa croissance. Lorsque les rhizomes rampent très loin du pied mère, ils sont dits traçants. Lorsque les rhizomes restent à proximité du pied mère, les tiges finissent par constituer une touffe, les bambous sont dits cespiteux. Il est clair que les bambous les plus prolifiques sont ceux à rhizomes traçants (Sasa, Phyllostachys,…), mais ce sont aussi les plus envahissants au jardin. Les bambous cespiteux sont plus faciles à contenir. Donc avant d’installer des bambous dans votre jardin, vérifiez si leurs modalités de développement sont compatibles avec votre espace, car une fois les bambous installés, il est bien difficile de s’en débarrasser.
Ainsi, nos experts considèrent qu’il n'y a pas de solution simple, la seule méthode utilisée par les professionnels reste la barrière anti-rhizomes qu’il vaut mieux installer dès la plantation. Elle devra être épaisse et enterrée sur une profondeur d'environ 60 à 70 cm, sans espace libre pour que les racines ne puissent pas s'en échapper, notamment si vous plantez les bambous en limite de propriété (pensez à respecter les distances légales[1].Une astuce, vous pouvez aussi utiliser une tôle usagée découpée sur des hauteurs de 50 à 70 cm. Enfin, vous pouvez également réaliser un fossé (une tranchée) d’une largeur de 30 à 40 cm sur 50 cm minimum de profondeur pour empêcher la propagation desdits bambous ; à ce moment là, il vous sera facile de surveiller chaque année leur développement et de procéder à leur suppression. Il existe aussi dans le commerce des bâches anti-rhizome. Cependant nos experts ont des avis divergents sur l’utilisation de ces bâches. En effet, certains considèrent que le bambou « peut traverser les fossés, passer sous les murs et même percer le goudron d’une route ! » et que « les barrières anti-rhizome du commerce sont illusoires… ».
L’éradication proprement dite est un travail long et fastidieux. Il est nécessaire de recourir à une pelleteuse puis au brûlage. Ensuite, il faut traquer la moindre repousse et la couper très jeune afin d’épuiser les rhizomes, cela pendant plusieurs années. L’application d’un désherbant total d’absorption foliaire comme le glyphosate n’a qu’un effet limité en raison de la couche cireuse qui recouvre les feuilles et la tige. Il est préférable de l’appliquer le soir quand les stomates sont ouverts et en fin d’été sur sève descendante. Finalement, pour éviter ces désagréments et profiter des avantages décoratifs des bambous, il est nécessaire de choisir des espèces cespiteuses et qui ne sont pas nécessairement des bambous nains, en particulier du genre Fargesia. Quelques pépinières spécialisées en proposent. Il convient toutefois de bien vérifier la résistance au gel par rapport à la zone géographique du jardin.
[1] Arbre et arbuste supérieur à 2 m à l’âge adulte (pas forcément à la plantation) doivent être plantés à au moins 2 m de la limite de propriété (la clôture) ; arbre, arbuste voire une haie ne dépassant pas 2 m à au moins 50 cm de la limite de propriété. On entend par là, le tronc ou la tige principale pour un arbre ou le centre de la touffe pour un arbuste.
Cet article est une synthèse des réponses aux questions d'intérêt posées sur le service Hortiquid.
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JdF 620, novembre-décembre 2012
Je suis propriétaire d’un appartement en rez de jardin, clos par un mur en pisé. Le promoteur a fait planter par une jardinerie des bambous traçants à environ 50 cm du mur. les bambous sont sur une longueur d’environ 12 mètres, la longueur de mon jardin, petit en profondeur.Voila 10 ans que je les traque ayant meme loue une camionnette certains étés pour évacuer les coupes. Ils sont passés sous le mur et nous traquons derrière le mur. La copropriété voisine a déjà envoyé une lettre recommandée à la notre. Je les avais d’ailleurs averti des risque des les premières années mais elle est restée sourde. Je viens de voir que ce genre de bambous auraient dû être planté à 2 mètres du mur car ils atteignent chez certains propriétaires une hauteur de plus de 5 mètres. Nous sommes donc dans l’illégalité sans être responsables.
J’ai bientôt, ainsi que mon mari, 71 ans et l’arrachage des rhizomes devient de plus en plus difficile. Avez vous une solution radicale, chimique, le jardin étants inaccessible par des engins qui d’autre part enlèveraient le mur ?
Avons nous un recours contre les promoteurs et la jardinerie ?
Un déménagement, à contre cœur, sera t il la solution pour nous ?
Un grand merci pour votre réponse