Balcons et terrasses : végétalisez !
Jean-François Coffin
« Avant de vous lancer dans l’apport de matériaux pour végétaliser votre terrasse, veillez en premier lieu à vérifier le poids qu’elle peut supporter », alerte d’emblée Paul-André Subtil, responsable du site de Talluyer, près de Lyon, des « Jardins de Gally* ». Son entreprise est spécialisée dans l’aménagement de terrasses et balcons et a réalisé des projets des plus simples aux plus prestigieux, comme les terrasses de grands magasins, d’hôtels ou de grandes sociétés.
Pour ne pas créer de danger pour votre immeuble, vérifiez la surcharge qu’il peut tolérer. Renseignez-vous auprès du syndic ou de l’architecte de votre immeuble. « Les normes prévoient de 250 kg/m² jusqu’à 1 tonne, en moyenne 350 kg », précise Paul-André Subtil.
Analyser avant d’agir
Toujours avant d’entamer vos travaux, notez s’il existe des points d’arrivée d’eau et étudiez comment l’acheminer afin de cacher au mieux les canalisations potentielles. L’évacuation des eaux de pluie et d’arrosage doit être efficace. Combien de dégâts des eaux ont été provoqués par des aménagements mal étudiés et des étanchéités douteuses !
Enfin, en option, prévoir les points d’éclairage pour la mise en valeur de différents lieux stratégiques ou esthétiques.
Le choix des végétaux sera conditionné par plusieurs critères que vous devrez noter : exposition ensoleillée, ombre, mi-ombre ? Terrasse ventée ou à l’abri du vent ? Quelles températures extrêmes été comme hiver ?
« Il est important de bien interviewer le client pour connaître ses envies, ses goûts, ses capacités. Les attentes peuvent être très variées, comme l’installation d’un jeu de boules, d’une cascade, de baffles camouflés pour une ambiance musicale, voire d’intégrer un écran de télévision dans la végétation », précise Paul-André.
Des matériaux choisis
Les contenants peuvent être des bacs, des pots, des massifs délimités par des murets.
Les poteries en terre cuite (« à l’italienne ») sont passées de mode au profit de bacs aux formes rectilignes et carrées, aux tons gris, gris ardoise ou aux bacs en bois exotique peu sensibles au pourrissement. Veillez à la qualité du matériau qui doit résister au gel et aux rayons du soleil. Une palette importante de bacs standards est proposée en jardineries. Attention au bas de gamme qui risque de coûter cher à l’arrivée s’il faut le changer ! La fibre de pierre est un nouveau matériau très résistant que Paul-André conseille. Le pot plastique « rotomoulé », de toutes tailles et toutes couleurs est arrivé en force. Là aussi, veillez à sa qualité (épaisseur des parois) et à l’harmonie des couleurs !
Astuce
Dans un bac ou un pot, pour faciliter le drainage, posez sur le fond un lit de bille d’argiles d’environ 5 cm d’épaisseur. Il est recommandé d’installer dessus un feutre (géotextile) sur toute la surface afin d’éviter aux racines futures de pénétrer vers le fond. Vous pouvez aussi utiliser du Cellodrain, matériau à base de polystyrène expansé de haute densité.
Puis déposez le mélange terreux qui conviendra aux végétaux choisis.
De vrais massifs
Si vous disposez d’un peu de place, vous pouvez constituer de vrais massifs sur le sol, délimités par des murets de pierre, des branches tressées, du bois exotique, des « gabions » (pierres contenues par des grillages) très à la mode en ce moment, esthétiques et résistants. Pour cela, entourez-vous des conseils d’un professionnel qui vérifiera la capacité de votre terrasse à supporter le poids et prévoira l’étanchéité, les couches drainantes et le substrat final. Il apportera aussi son savoir-faire pour que les végétaux soient bien ancrés et résistent à d’éventuelles rafales de vent.
Dalles ou lattes
Le sol de votre terrasse peut être constitué de lattes de bois exotique, ce qui est assez courant. Pierre-André Subtil conseille également les dalles de grande dimension (50 X 50), plus modernes, en grès. Il ose même suggérer le gazon synthétique haut de gamme « qui assurera une note de verdure en hiver et un confort d’usage ! »
Une palette de végétaux
Loin de donner une liste exhaustive des végétaux à utiliser sur un balcon ou une terrasse (vous trouverez facilement sur Internet de nombreuses suggestions), voici quelques pistes proposées par Paul-André Subtil. « Étudiez l’environnement, les vis-à-vis dont voulez vous protéger ou les perspectives à conserver. Privilégiez les végétaux persistants aux caducs, d’une part pour avoir une végétation permanente mais aussi pour limiter la chute des feuilles et donc leur ramassage ».
Harmonisez les différentes couleurs des feuillages. Jouez sur les formes, les volumes, les hauteurs. Dès le début, prévoyez de contenir le développement des végétaux en les taillant si nécessaire. N’attendez pas plusieurs années pour réaliser cette opération, rendant les végétaux disgracieux, risquant de les fragiliser et générant des déchets important que vous devrez évacuer.
« La taille permet aussi de donner une forme au végétal : un érable (Acer saccharum), peut être taillé en parasol, en cépée. Le photinia s’utilise en haie, en tige, en ½ tige et se taille bien. On peut oser le bouleau en cépée ».
De l’ombre au soleil
Parmi les plantes d’ombre ou mi-ombre : rhododendrons et azalées, « avec l’extraordinaire beauté de leurs fleurs mais éphémères », Andromède du Japon (Pieris japonica), érable du Japon (Acer palmatum), camélia, buis (Buxus), houx (Ilex) conduits en boule ou en bonzaï. Pour ces végétaux, le substrat sera généralement de la terre de bruyère
Pour les plantes dite « méditerranéennes », le substrat sera de la terre végétale allégée avec de la tourbe. On peut citer l’olivier, très à la mode et qui peut être conduit en boule, la lavande, … Pensez au Chamaerops humilis, petit palmier résistant au froid (jusqu’à – 19°), pas salissants et pouvant être élevés en pots.
Classiques mais actuels
Ne négligez pas les végétaux traditionnels tels l’oranger du Mexique (Choisya ternata), l’abélia (Abelia), la viorne (Viburnum), l’éléagnus (Elaeagnus)*, les aucubas dont celui du Japon (Aucuba japonica) et la palette de conifères …
Le bambou est une plante appréciée comme écran, notamment contre le vent. Mais attention au développement des ses racines qui peuvent sortir des jardinières, pénétrer dans les dallages. Ils offrent différentes hauteurs mais sont parfois sensibles au froid. Le lilas des Indes (Lagerstroemia) revient en force. Caduc, il offre l’avantage de fleurir en été.
Prévoyez des emplacements pour ajouter des plantes annuelles à fleurs, voire un petit coin potager …
Mais toutes les plantes ne sont pas adaptées aux terrasses, certaines vieillissant mal comme les lilas (Syringa vulgaris), les prunus, les rosiers grimpants, les mûriers à feuilles de platane (Morus australis)…
Entretien à prévoir
Une terrasse exige un minimum d’entretien. Pour les traitements, privilégiez la lutte bio. Utilisez des voiles contre les insectes. Attention aux maladies qui se développent. Choisissez des plantes résistantes ou de substitution. Le buis attaqué par la pyrale peut être remplacé par le houx crénelé (Ilex crenata). Quant à l’arrosage, il est vital car les réserves en eau des contenants sont limitées vu le faible volume de terre. Le goutte-à-goutte est la solution idéale.
Si votre aptitude à jardiner est limitée, que vous avez peu de temps, que vous vous absentez souvent, faites appel à une aide extérieure : voisins, amis, sans oublier la compétence des pros !
*Les Jardins de Gally
Trois agences : Lyon, Grenoble, Annecy
* Voir l’article d’Amaury Vignes « Elaeagnus d’hier et d’aujourd’hui » JdF 639 www.jardinsdefrance.org/elaeagnus-dhier-et-daujourdhui/