Badiane comestible, badianes toxiques : Comment s’y retrouver?
Fin 2001, à la suite d’une série d’intoxications aux Pays-Bas, en Espagne et en France, une réglementation européenne très stricte d’importation de la badiane de Chine a été temporairement mise en place. Parallèlement, une étude, rendue indispensable du fait des confusions possibles entre la badiane de Chine, anis étoilé, comestible, et les badianes toxiques, a été lancée.
Historiquement, les confusions ont été nombreuses entre les différentes espèces de badiane, y compris au niveau de leur désignation. Par exemple, Linnée ayant appliqué le nom Illicium anisatum L. à une badiane qui n’a pas du tout d’odeur anisée (= anisatum), il a été ensuite nécessaire de donner le nom d’Illicium verum Hook. f. à la vraie (= verum) badiane comestible aussi appelée « badiane de Chine » ou « anis étoilé ».
Histoire de la badiane
Les premières badianes comestibles à odeur fortement anisée ont été importées de Chine vers l’Europe au XVIe siècle. Depuis la moitié du XIXe siècle, plusieurs épisodes d’intoxications en Europe ont été attribués à la consommation de la badiane du Japon, dont la morphologie est très proche de celle de la badiane de Chine. Les ouvrages classiques de botanique se sont donc attachés à décrire les différences entre les fruits de ces deux espèces et, au fil du temps, « badiane toxique » est devenu synonyme de « badiane du Japon ». Or, toutes les espèces (une quarantaine) que renferme le genre Illicium, sont toxiques, à l’exception de la badiane de Chine.
À partir d’échantillons de fruits et de graines collectés en Chine, au Japon, au Vietnam et en France (jardins botaniques et herbiers), Denis Bellenot et Frédéric Saltron ont mis en évidence quatre types (H, L, G, C) morphologiques de fruits et ont pu démontrer que l’espèce responsable des intoxications de fin 2001 n’était pas la badiane du Japon mais une autre espèce. En effet, les badianes de Chine et du Japon sont de type « C », alors que la badiane responsable des intoxications de 2001 était de type « H ».
Les éléments caractéristiques (taille, forme, nombre des follicules, etc.) de ces différents types ont été ajoutés à la monographie de la Pharmacopée européenne consacrée à la badiane, afin de permettre de rejeter ces produits toxiques.
Cependant, les tests actuels ne sont pas toujours suffisamment performants, car ils nécessitent de disposer de fruits entiers et d’être mis en œuvre par des personnes expérimentées et ils ne peuvent pas s’appliquer sur des poudres. On s’oriente donc actuellement sur des méthodes plus onéreuses telles que le dosage de l’anisatine (principale molécule responsable de la toxicité) ou des analyses génétiques.
Bellenot D. et Saltron F., Caractérisation botanique de badiane alimentaire et non alimentaire. Ann. Fals. Exp. Chim. 2003 ; 962 : 39-54