Arbres fruitiers : Plantez certifié !
La certification des plants d’arbres fruitiers apporte des garanties de qualité sanitaire et d’authenticité des variétés.
Tour d’horizon de la réglementation et de la certification.
La multiplication végétative est la règle pour tous les fruitiers ligneux. En effet, les semis de pépins, noix et noyaux donnent, sauf exception, des populations très hétérogènes avec de nombreux sujets difficilement cultivables ou des fruits inintéressants. Certaines variétés d’amandier et des porte-greffe de Prunus sont cependant multipliés par semis. Le sélectionneur de nouvelles variétés aura par ailleurs recours au semis.
Quelques espèces sont cultivées sans greffage, sur leurs propres racines et sont multipliées par bouturage ou marcottage comme le noisetier, le figuier, le kiwi, le kaki, le châtaignier ou l’olivier. Ce dernier peut également être semé. Des essais de culture du pommier sur ses propres racines se sont révélés peu concluants, avec des vigueurs excessives.
On notera toutefois que dans certains pays comme la Chine, les pommiers sont presque exclusivement cultivés sur leurs propres racines. Les autres espèces fruitières sont multipliées par greffage : Malus (pommier), Pyrus (poirier, nashi), Prunus (pêcher, prunier, cerisier, abricotier, amandier), Citrus (agrumes), vigne de table, noyer (ce dernier peut aussi être bouturé).
Le porte-greffe, un point-clé
Des travaux de sélection de porte-greffe ont été menés depuis plus d’un siècle, notamment pour les Malus et Prunus. On dispose maintenant d’une large gamme de porte-greffe adaptés aux besoins : échelle de vigueur en fonction de la forme de conduite des arbres (haute tige, basse tige, haie fruitière, palmette…) et adaptation à la nature du sol (humidité, sécheresse, compacité, calcaire). Le jardinier soucieux d’obtenir des arbres selon ses attentes et contraint par la nature de son sol, est tout d’abord confronté au choix du porte-greffe. Force est de constater que de nombreuses jardineries et de sites de vente en ligne ne donnent aucune indication sur les porte-greffe des fruitiers vendus. L’acheteur demeure, dans ce cas-là, aveugle par rapport à ce point essentiel.
Les jardiniers disposent de plusieurs solutions :
1. Rechercher un pépiniériste spécialisé producteur de plants et susceptible de proposer pour une variété donnée, des scions (1*) ou des arbres formés, greffés sur différents porte-greffe. Il sera aussi de bon conseil sur le choix du porte-greffe ;
2. Faire lui-même ses plants greffés. Certains pépiniéristes vendent sur place ou en ligne des porte-greffe en botte à racines nues et prêts à greffer soi-même et/ou des greffons sous forme de baguettes permettant au jardinier de les préparer pour greffer en écusson, par incrustation ou à l’anglaise ;
3. Utiliser des greffons issus de ses propres arbres ou de ceux d’un ami : il est impératif de s’assurer du bon état sanitaire des arbres porteurs de greffons et de la vigueur des baguettes de greffons. Cette pratique comporte un risque avéré de transmission de maladies (virus, bactérie, phytoplasme…) ;
4. S’adresser à un conservatoire de variétés fruitières de niveau national ou régional (2*) qui dispose d’une large gamme de variétés anciennes et récentes.
Qualité du plant et authenticité variétale : quelle certification ?
Tout matériel végétal fruitier acheté, qu’il soit produit en France ou dans un autre État de l’Union européenne doit être accompagné du passeport phytosanitaire (PP) (voir encadré). La certification est un sujet central pour la production de fruits en France. Il a été le motif premier de la création du Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL) en 1954 afin d’assainir le verger français contaminé par plusieurs virus.
Les méthodes de sélection du matériel végétal de base, de son assainissement d’abord par thermothérapie puis par culture in vitro, la méthode de multiplication par filiation depuis un pied-mère sain et authentifié, la traçabilité et le contrôle de l’état sanitaire ont été adoptés dans toute l’Europe et servent de socle au système de réglementation actuel.
La particularité des plants fruitiers français réside dans leurs deux niveaux de certification :
• Le niveau de certification minimum légal du PP en vigueur depuis le 14 décembre 2019, dit plant CAC (Conformité agricole commune) dont la mise en œuvre se fait sous l’autorité des SRAL (Service régional de l’alimentation, ancien Service de la protection des végétaux) ;
• Une certification de niveau encore supérieur, la certification Infel, mise en place par les pépiniéristes français et le CTIFL(3). Destinée avant tout aux professionnels, elle se distingue de la certification CAC par :
– un plus grand nombre de pathogènes contrôlés ;
– une limitation de la durée de vie des arbres porte-greffons ;
– un étiquetage individuel des plants contrôlés en pépinière avant arrachage ;
– des critères de taille de plants minimum.
Daniel Veschambre
Ingénieur horticole, membre du conseil scientifique de la SNHF
(1*) Un scion est un plant greffé d’un an.
(2*) www.pommiers.com/verger-conservatoire/ conservatoire végétal.
(3*) Le CTIFL est délégataire pour la gestion de cette certification. www.ctifl.fr