Agrocampus Ouest : Une ancienne école… bien dans l’air du temps

Créée à Angers en 2008, Agrocampus Ouest propose une formation riche aux élèves ingénieurs horticoles ou paysagistes. Le milieu dans lequel évoluent les étudiants, la formation reçue, les compétences acquises vont cependant bien au-delà d’une simple formation technique. Visite

 

Avec une approche intégrative et systémique, la formation à Agrocampus Ouest vise à faire acquérir de multiples compétences, dont les sciences de l’ingénieur, notamment les équipements techniques, les démarches de projet et le traitement des données © Agrocampus Ouest

Agrocampus Ouest (campus d’Angers) (1*), créé en 2008, puise ses racines dans d’anciennes et prestigieuses écoles, l’École nationale supérieure d’horticulture de Versailles (ENSH), l’École d’ingénieurs des travaux de l’horticulture et du paysage d’Angers (ENITHP) et l’Institut national d’horticulture (2*) d’Angers (INH). Au sein d’un environnement professionnel et scientifique de réputation internationale, il forme des ingénieurs dans les spécialités « horticulture » et « paysage ».

Un bouillon de culture… horticole !

L’école baigne dans un milieu scientifique dense, composé de chercheurs (particulièrement de l’Inrae) et d’enseignantschercheurs spécialisés dans le domaine de l’horticulture et des semences, des sols et des substrats horticoles, des sciences humaines et sociales (géographie, sociologie, économie…). L’environnement professionnel est également unique du fait de la présence d’un grand nombre d’entreprises de production, maraîchage, floriculture, pépinières, arboriculture fruitière… et d’organismes professionnels Gnis, Geves, Végépolys (3*)… Les voies d’entrée en formation sont nombreuses et complémentaires : post-bac via la plate-forme parcoursup, post-BTSA ou DUT, post-licence scientifique, post-classes préparatoires BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre) ou TB (technologie et biologie).

Selon leur voie d’entrée, les ingénieurs sont formés dans l’école durant trois à cinq ans, en tant qu’étudiants ou apprentis. Avec une approche intégrative et systémique, la formation vise à faire acquérir de multiples compétences ayant trait à la complexité des systèmes, des filières de l’horticulture et du paysage ; au produit et au service, à sa qualité, à l’innovation, aux outils et méthodes de la démarche scientifique ; aux sciences de l’ingénieur, notamment les équipements techniques, les démarches de projet et le traitement des données ; aux compétences comportementales, les « soft skills » ; aux structures professionnelles dans leur environnement, au management et à la communication ; au végétal, particulièrement horticole, de la maîtrise de son environnement à son utilisation.

La formation

La formation est conçue et conduite de telle sorte que les étudiants acquièrent leurs compétences grâce à des activités d’enseignement classiques, cours, conférences travaux dirigés et pratiques ; des projets, des mises en situation, des confrontations au monde professionnel et aux questions et enjeux de la recherche ; de nombreux stages, dont celui qui, durant six mois, conclut la formation. En outre la mobilité internationale est obligatoire, elle peut prendre la forme de stages et de suivi d’enseignements chez un partenaire académique.

Le tronc commun (un ou trois ans selon le niveau d’entrée) vise l’acquisition des bases scientifiques et conceptuelles et permet aux étudiants de choisir leur spécialité d’ingénieur : horticulture ou paysage. Durant cette période, le végétal est un fil rouge, un marqueur de l’identité et de la compétence de tous les étudiants. En complément des activités pédagogiques déjà mentionnées, de nombreux stages leur permettent de se confronter à la sphère professionnelle, de se connaître et ainsi d’affiner leur projet personnel et professionnel.

Ingénieur en horticulture

Au cœur des problématiques et des transitions économiques et sociétales actuelles, l’ingénieur en horticulture sait répondre aux enjeux du développement durable, de la qualité et de la sécurité alimentaire, de la biodiversité et de la végétalisation en milieu urbain.

Apte à comprendre et à gérer des systèmes complexes ainsi qu’à modéliser leur fonctionnement et leur évolution, il intervient, quel que soit son projet professionnel, dans cinq grands domaines d’activité, de l’échelon local à l’échelon international, du gène au consommateur :

• La création, la sélection, la conservation et la maîtrise du matériel végétal (semences, fruits, fleurs, légumes) ;

• L’élaboration, la production et la mise en marché de produits, les concepts et les services à base de matériel végétal ;

• La gestion, le contrôle, le maintien de la qualité de ces produits au sein de filières organisées ;

• L’organisation, la gestion, le pilotage de structures (entreprises, organismes publics…) impliquées dans les filières de l’horticulture ;

• L’élaboration de savoirs et de cadres d’analyse (innovations scientifiques et techniques, contexte, enjeux, acteurs…) permettant la conception de stratégies d’avenir pour les filières.

Pour conclure sa formation, l’ingénieur se perfectionne dans les sciences et techniques de la filière semences et plants, l’ingénierie des productions et des produits de l’horticulture, la protection des plantes et l’environnement, ou l’ingénierie des espaces végétalisés urbains.

Ingénieur en paysage

L’ingénieur en paysage est un acteur majeur de l’amélioration du cadre de vie des populations. À ce titre, il doit comprendre l’articulation des échelles spatiales et temporelles afin de maîtriser les processus de transformation des espaces tout en faisant preuve de créativité. Il bénéficie automatiquement sur demande du titre de Paysagiste concepteur (cf. article p. 41).

Sa formation est ainsi construite autour de trois thématiques complémentaires. La première est le végétal, qu’il soit naturel ou horticole, dans son milieu, avec une analyse du fonctionnement des milieux (géomorphologie, connaissance des sols et du climat, hydrologie, écologie…). Vient ensuite le projet de paysage, identitaire de la formation des paysagistes concepteurs, qui aborde toute action d’aménagement, de gestion, de protection des espaces à différentes échelles, du jardin privé à l’insertion paysagère d’une infrastructure. Enfin, les sciences et techniques dans la mise en œuvre du projet, dans l’analyse paysagère (croquis, blocs diagrammes, système d’information géographique…), la conception (dessin, CAO/DAO…), les techniques d’aménagement et la gestion constituent la dernière thématique.

Les jeunes diplômés témoignent

« Passionné depuis mon plus jeune âge par les espaces verts, c’est tout naturellement que j’ai décidé d’effectuer mes études dans ce domaine. Apres l’obtention d’un bac scientifique en 2012, j’ai intégré Agrocampus Ouest (campus d’Angers) pour suivre une formation d’ingénieur paysagiste. À partir de la troisième année, j’ai poursuivi mon cursus par la voie de l’apprentissage au sein de l’entreprise Eive, basée à Niort (Deux-Sèvres), ce qui m’a ainsi permis d’associer connaissance théorique et expérience pratique. Actuellement conducteur de travaux en entretien au sein de l’entreprise J. Richard, basée à Orléans (Loiret), je m’épanouis pleinement dans un métier qui associe gestion des ressources humaines, gestion commerciale et compétences techniques afin d’embellir les espaces verts de nos clients. »

Julien Magnan, conducteur de travaux

Évolution de l’enseignement supérieur en horticulture et paysage depuis sa création de Versailles à Angers ENH École nationale d’horticulture, ENSH École nationale supérieure d’horticulture, ENITA-H devient ENITHP École nationale des travaux de l’horticulture et du paysage, ENSP École nationale supérieure du paysage, INH Institut national d’horticulture. En vert, les enseignements d’horticulture, en bordeaux les enseignements d’arts des jardins et de paysage

Vie étudiante

La pédagogie mise en œuvre est fortement guidée par des mises en situation, des projets commandités, la participation à des concours, des jardins pédagogiques, des activités associatives avec, en particulier, la tenue, tous les deux ans, de l’Expoflo. En fin de formation, les étudiants se perfectionnent dans le projet de paysage (planification, programmation, conception, réalisation, gestion) ou l’ingénierie des espaces végétalisés urbains.

Les ingénieurs nouvellement diplômés, environ 120 par an, accèdent très rapidement à l’emploi, y compris avant l’obtention de leur diplôme. De plus en plus, ils quittent l’école avec un projet de création d’entreprise, ce qui leur est facilité par la mise en place de parcours dédiés à l’entrepreneuriat. Certains commencent leur parcours professionnel à l’international.

 

Bruno Gadoud
Directeur des formations et de la vie étudiante, Agrocampus Ouest

 

(1*) L’établissement évolue à partir du 1er janvier 2020, voir l’article p. 47.

(2*) Lui-même constitué de deux écoles : École nationale d’ingénieurs de l’horticulture et du paysage (ENIHP), l’École nationale supérieure d’horticulture et d’aménagement du paysage (ENSHAP)

(3*) Gnis : Groupement national interprofessionnel des semences www.gnis.fr, Groupe d’études des variétés et des semences www.geves.fr, Végépolys : pôle de compétitivité du végétal
www.vegepolys.eu

Les jeunes diplômés témoignent

« Je me suis orientée très tôt vers l’enseignement agricole via un bac scientifique option Environnement, agriculture, territoires et développement durable. Attirée par une formation longue, j’ai choisi une école publique en rapport avec le végétal. J’ai donc passé cinq années à Agrocampus Ouest (campus Angers). Ingénieure en Horticulture, spécialisée dans la production de fruits et légumes, je suis à 24 ans, responsable technique dans une association de maraîchers et d’arboriculteurs bio. C’est un poste très enrichissant, qui me permet de mettre en œuvre les méthodes de travail et les compétences techniques acquises durant mes d’études. J’envisage un jour de monter ma propre exploitation avec une vision ouverte sur le monde et son futur. »

Agathe Castay, responsable technique dans une association de maraîchers et d’arboriculteurs bio