À Londres, un jardin d’eau pour l’observation de la nature

Gilles Carcassès

En plein cœur de Londres, vingt hectares de marais superbement aménagés s’offrent à la visite de passionnés de la nature.
 

Un jardin d'eau au cœur de la ville - © G. Carcassès

Un jardin d'eau au cœur de la ville - © G. Carcassès

 

L’entrée du London Wetland Center, créé en 2000, est payante, mais elle est libre pour les adhérents du Wildfowl & Wetlands Trust (WWT). Une petite partie du parc aménagé comme un zoo est là pour le bonheur d’un public familial. On peut assister au nourrissage d’une famille de loutres et observer de près quelques spécimens d’oiseaux captifs : cygnes de Bewick, sarcelles d’hiver, fuligules de diverses espèces et d’autres anatidés plus ou moins exotiques. Mais la présentation de ces animaux est plaisante. Ils disposent d’espaces suffisants pour préserver un cadre naturel et les aménagements montrent le souci permanent de l’intégration paysagère.

 

Espaces tranquilles

L’essentiel du parc est paradoxalement interdit à la visite. C’est là la force du concept : ces vastes espaces de marais bénéficient ainsi d’une absolue tranquillité, certainement bien meilleure que si le parc et ses visiteurs n’existaient pas. De nombreuses constructions en bois spécialement conçues permettent en toute saison au public une observation discrète mais confortable des oiseaux sauvages nicheurs ou migrateurs. Il est ainsi possible d’observer, parfois de tout près, de très nombreuses espèces d’oies, canards, gravelots, hérons, chevaliers, bécasseaux… Une tour d’observation est même dotée d’un ascenseur. Ouvrages et posters de détermination, télescopes et jumelles, banquettes cosy sont à disposition. Un mur artificiel équipé de nichoirs pour les hirondelles de rivage montre par l’intermédiaire de caméras les allées et venues de ces oiseaux à l’approche et dans le nid. Les concepteurs du parc ont su créer des habitats variés pour la faune sauvage : de grandes étendues d’eau libre, plus ou moins profonde, des chenaux, des mares, des grèves, des zones boisées, des roselières et des praires humides pâturées par des vaches Highland aux cornes impressionnantes.



Tout pour observer

Certaines parties en prairies sont propices à l’observation des abeilles sauvages, des libellules, des papillons. Elles sont alors équipées d’une signalétique évoquant des carnets de naturalistes : des croquis et des dessins annotés apprennent à reconnaître les différentes espèces et à comprendre leurs mœurs, leur biologie, leur place dans les chaînes alimentaires. La flore naturelle est également mise en valeur et expliquée : le parc compte plusieurs espèces d’orchidées sauvages. Les saules, les chênes, les aulnes, les graminées et plantes vivaces des fossés et des bords de chemin, bénéficient eux aussi de panonceaux pédagogiques disposés tout au long des parcours de visite. Quelques mangeoires pour les passereaux judicieusement intégrées dans des bosquets facilitent l’observation des petits oiseaux. Des modèles spéciaux pour les pics sont attractifs et m’ont permis de croiser la route d’un pic épeiche lors de ma visite. Personne ne nourrit les animaux, à part quelques rares touristes mal informés, probablement français… L’accent est mis sur l’hygiène : partout il est rappelé qu’il convient de se laver les mains, en particulier aux enfants qui auraient touché de la terre souillée par des déjections d’oiseaux. Des lave-mains sont donc disposés le long des cheminements. Des nichoirs à bourdons, des périscopes, des quizz numériques, des bornes d’écoute des chants d’oiseaux, des caméras sous-marines manœuvrables au fond des mares permettent de multiplier les découvertes et les apprentissages.


Les totems à insectes au jardin aquatique - © G. Carcassès

Au bord des étangs les bâtiments d'observation - © G. Carcassè

Des conditions propices à l'observation de l'avifaune - © G. Carcassès

1: Les totems à insectes au jardin aquatique - © G. Carcassès
2: Au bord des étangs les bâtiments d'observation
3: Des conditions propices à l'observation de l'avifaune

 

Jardins durables

La partie du parc qui intéressera le plus les jardiniers est incontestablement la présentation des « sustainable gardens » (jardins durables). Trois paysagistes ont créé des jardins secs ou humides mettant en scène des compositions végétales et des aménagements favorables à la faune sauvage et compatibles avec les principes d’un jardinage raisonné. Ils font largement appel aux espèces indigènes et fourmillent de détails séduisants : murets d’ardoises dressées, totems pour le gîte des insectes, prairies de plantes vivaces, associations chatoyantes de plantes sauvages et de plantes horticoles très bien adaptées aux milieux. Un dépliant est proposé aux visiteurs pour se familiariser avec les jardins de pluie et en expliquer les techniques. On y apprend notamment comment alimenter un bac de plantes de sol humide en déroutant la descente de gouttière de sa maison, favoriser l’infiltration des eaux de ruissellement dans un chemin de pavés aux joints de gravier, ou végétaliser la toiture de son garage ou de son abri de jardin. Il règne dans ce parc une ambiance particulière. De dignes ornithologues en veston de camouflage, coiffés de chapeaux assortis et bardés de matériel optique dernier cri, cohabitent courtoisement avec des familles en promenade et des groupes de joyeux enfants guidés par les animateurs du parc. Les cheminements, les salles d’animation et la plupart des abris sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. Si vous visitez ce site, n’oubliez pas son salon de thé pour une pause authentiquement anglaise.


Pour en savoir plus : http://www.wwt.org.uk/visit/london/


Le jardin de pierres. Renouées, iris et graminées - © G. Carcassès

Le jardin des insectes pollinisateurs. Pavots d'Orient, alchémilles, lavandes, nepetas - © G. Carcassès

Plantes aquatiques et de berges mises en scène au jardin aquatique - © G. Carcassès

Rogerdsia dans un bac  semi-aquatique - © G. Carcassès

1: Le jardin de pierres. Renouées, iris et graminées - © G. Carcassès
2: Le jardin des insectes pollinisateurs. Pavots d'Orient, alchémilles, lavandes, nepetas
3: Plantes aquatiques et de berges mises en scène au jardin aquatique
4: Rodgersia dans un bac semi-aquatique