Bordeaux : le jardin des Foudres
Anne Sallenave
« Comment raconter cette belle aventure que constitue la création de notre jardin partagé à Bordeaux par une association d’habitants, l’Atelier des Bains Douches ? » Anne Sallenave, la coordonatrice de l’opération, tente de nous faire partager sa passion.
Le terrain en mai 2013 - © A. Sallenave
« Il faut d’abord planter le cadre : un quartier populaire près de la gare Saint Jean où les habitants se sont sentis longtemps oubliés dans la transformation de Bordeaux en ville lumière. Un quartier aux problématiques multiples (gare, pôle nuit, prostitution....) au cœur d’un grand projet urbain d’intérêt national : Bordeaux Euratlantique », explique Anne Sallenave. Et de raconter la création de l’association, en 2008 sur 3 grands piliers : l’urbanisme, l’écologie et le lien social. Les deux premiers étant les vecteurs du troisième. « Notre projet, conçu, porté, animé par les habitants est de faire du quartier un véritable éco quartier ». De nombreuses actions voient le jour : évènements festifs, installations de kits économiseurs d’eau et d’énergie, formations aux éco gestes, groupement d’achats solidaires favorisant les consommations responsables.....et en 2010 la plus emblématique encore aujourd’hui : notre jardin partagé.
Jardin éphémère sur friches
En 2010, la ville de Bordeaux lance une grande concertation sur le quartier Belcier. « Notre association est choisie pour la co-animer. Les habitants plébiscitent la création d’espaces de nature de proximité pour se rencontrer et jardiner ensemble ». L’Atelier des Bains Douches (ABD) se met alors en quête de terrains. Les adhérents sont invités à la réflexion. « Nous découvrons dans l’entreprise du groupe Bernard (propriétaire de nombreux chais), une vaste friche à ciel ouvert située au cœur du quartier, en partie protégée du regard par de beaux murs en pierre ». A l’intérieur de vielles pierres, de magnifiques ferronneries d’une autre époque, de vieux pavés couvrant une bonne partie du sol.....Et le rêve s’enclenche sous la bienveillante attention du groupe Bernard et de la ville de Bordeaux, accompagné par des paysagistes jardiniers de la scoop Saluterre. Le défi : faire de ces friches minérales un jardin partagé pour les habitants du quartier. Grâce à ce partenariat de grande qualité, le jardin des foudres voit le jour, en une année. Mais d’emblée le cadre est posé, ce sera un jardin éphémère avant d’autres projets urbains.
1: Rhizome A l'origine, un terrain nu / 2: Un terrain qui reprend vie - © A. Sallenave
Travaux et concertation
Des conversations entre adultes le soir, et en famille le mercredi matin, accompagnées de visites sur le terrain permettent de définir les usages, et de dessiner (y compris avec les crayons) les contours du jardin. Petits et grands, chacun donne son avis... Un jardin pour quoi faire ? Faut- il mettre des ruches, une petite mare ? Doit-on le laisser ouvert à tous nuit et jour ou bien le protéger en fermant la nuit ? Doit-on laisser une place particulière pour les enfants ? Combien de parcelles ? Quelles tailles devront-elles avoir ? Autant de questions indispensables pour définir sa physionomie. Les habitants ont travaillé sur une première esquisse proposée par nos partenaires, l’ont modifiée, enrichie de leur propre vision. Ils ont donné un nom à ce futur jardin : le Jardin des Foudres en hommage au propriétaire du lieu et aux chais voisins. Le service des espaces verts de la ville a été sollicité pour nettoyer la friche et délimiter les parcelles à l’aide des pierres de taille, décompacter le sol, amener de la terre et mettre en place un nouveau grillage... Pendant ce temps le groupe Bernard procédait à la réhabilitation et à l’aménagement des toitures (récupération d’eau de pluie) et à l’installation de rampes pour personnes à mobilité réduite.
Une poésie des fleurs et des légumes
Du côté des habitants de nombreux chantiers collectifs (30-40 personnes très motivées) ont eu lieu pour aménager les parcelles et créer des jardinières en pavés ou en bois.... Le jardin est composé de deux parties séparées par un grand mur, le petit jardin plutôt à vocation florale donnant sur la rue, et le grand jardin à vocation potagère. C’est un jardin très poétique, mettant en valeur les éléments patrimoniaux présents sur le site (vieux portefonds de foudres, barriques, ferronneries ....). Il regroupe environ 35 parcelles individuelles et 4 parcelles collectives soit une cinquantaine de foyers adhérents. Le jardin est bien installé et investi par les gens du quartier, de nombreux ateliers et animations y ont lieu toute l’année (famille, écoles...). Sous la responsabilité de l’ABD, c’est le collectif jardinier composé de 10 membres qui pilote la gestion du jardin : planification des chantiers, élaboration du règlement intérieur, attribution des parcelles, programmation des animations...Le collectif jardinier se réunit environ une fois par mois lors d’une réunion désordonnée et conviviale.
3: Animation autour des plantes médicinales / 4: Atelier "lasagnes" - © A. Sallenave
Une belle aventure collective
La création du jardin fut une belle aventure collective demandant beaucoup d’énergie pour tous, ce qui la rend si riche et singulière. De nombreux habitants du quartier ont noué des liens d’amitié et de solidarité. Chacun continue aujourd’hui à prendre soin de ce jardin. Depuis peu, le jardin est labellisé refuge LPO, Ligue pour la protection des oiseaux. Des nids à insectes et des refuges pour les oiseaux sont mis en place, notamment par les enfants du centre de loisirs. « La plus grande partie des adhérents de la première heure sont encore là, garants des valeurs ayant initié le projet », souligne Anne. Pour autant de nouveaux adhérents arrivent. Le collectif jardinier réfléchit et met en œuvre des modalités d’attribution de parcelles permettant que le collectif prime sur l’individuel et l’individualisme. Pour adhérer, on rencontre au préalable des membres du collectif jardinier et on entend l’histoire et les règles du jardin. Les nouveaux jardinent d’abord sur les espaces collectifs. Il faut rester cependant vigilant. Les actions collectives sont fragiles, parce qu’elles reposent essentiellement sur de l’humain (des affects, émotions, symptômes, égos....) : ce qu’il y a de plus difficile à prévoir ! « Nous savons que ce jardin est éphémère. C’est peut être cela aussi qui nous le rend si précieux. Nous continuons à l’accompagner de beaucoup d’attention. Espérons que le souffle de sa création continue de porter notre jardin le plus longtemps possible ».
Bonjour
Nous souhaitons organiser une rencontre avec les associations des jardins partagés de la gironde. Nous vous proposons de nous retrouver autour d’un Grand Goûter le samedi 24 juin à partir de 14h, au cours duquel nous échangerons nos façons de cultiver, de créer des ateliers et bien d’autre d’autres sujets autour du jardinage….
Nous vous demandons de bien vouloir nous confirmer par mail si vous souhaitez faire partie de ce rendez vous et recevoir une invitation officielle courant mai 2017.
Dans l’attente du plaisir de vous recevoir dans nos jardins
bien cordialement
LE BUREAU de l’Association les Jardins de Raba