La décoration florale, de l’Antiquité à nos jours
Daniel Lejeune
La mise en œuvre de végétaux verts ou fleuris à des fins décoratives permanentes ou fugaces a suivi un certain nombre d’évolutions au cours des siècles. Elles répondent à des logiques, à des préoccupations propres, et relèvent de métiers reconnus parfois depuis la plus haute antiquité.
Marcel Proust et son Cattleya par Jacques-Emile Blanche (1892) – Musée d’Orsay - © DR
On connaît l’usage des couronnes et des guirlandes, très généralisé chez les Anciens et qui s’est peu ou prou maintenu jusqu’à nos jours. L’époque médiévale a vu l’avènement d’une profession, celle des bouquetières-chapelières. Les décors de table plus ou moins frustres, les « jonchées » faisant largement appel à des fleurs sauvages, ont peu à peu cédé le pas à des compositions plus architecturées, utilisant des végétaux plus rares ou en tout cas spécialement cultivés. Après la mode au XVIIIe siècle des bouquets de corsage ou des fleurs semées dans le tissu des robes, arrive avec le XIXe siècle la mode des boutonnières. Bien avant les Cattleyas de Marcel Proust et de Robert de Montesquiou, les Camellias ont rendu célèbres tout à la fois des producteurs comme Cels, mais aussi certaine courtisane célèbre par la grâce d’Alexandre Dumas fils. Le Gardénia et l’Impériale violette figuraient également au parterre de l’Opéra. C’est d’ailleurs dans une entreprise de génie qu’Alphonse karr, exilé politique à Nice, y lance la culture des fleurs à couper, expédiant par chemin de fer des bouquets personnalisés, assurés d’arriver pour la sortie de l’Opéra de Paris. Dans les années 1930, ce seront plutôt les Œillets rouges, de sinistre présage, qu’affectionneront les flambeurs de casinos. Les roses des jeux floraux de Toulouse, les fêtes de Rosières, l’importance du Chrysanthème pour la Toussaint, en particulier depuis l’armistice de novembre 1918, le muguet du 1er Mai sont imprégnés de symboles toujours fascinants et décrits avec complaisance dans les nombreuses versions des “Langage des fleurs”.