PAM – Des ressources naturelles infinies au service de la qualité
Mélusine Godin , Bernard Pasquier , Mathieu Wident
La production française de Plantes Aromatiques et Médicinales est un secteur porteur. Les surfaces en culture augmentent régulièrement depuis plusieurs années. Notre pays possède de grandes ressources et se doit de cultiver cette diversité. Elle s’y attèle grâce à son réseau de recherche et de diffusion.
La grande collection du CNPMAI - © B. Pasquier
Une plante médicinale - le pavot œillette - localisée principalement en Champagne-Ardenne et utilisée par l’industrie pharmaceutique, est cultivée industriellement. En dehors de cette production, la filière est extrêmement diversifiée : plus de cent espèces sont couramment cultivées en France métropolitaine. S’ajoute une forte diversité au sein d’une même espèce en rapport avec les qualités de la plante : la composition chimique, par exemple, entre sous-espèces, variétés, populations, chémotypes, etc. peut être très variable et leur conférer ainsi des utilisations différentes. C’est le cas du thym commun qui présente une forte diversité au niveau de la composition chimique de ses huiles essentielles. Ainsi, certains pieds dont l’huile essentielle est riche en thuyanol auront des propriétés anti-infectieuses, viricides puissantes, neurotoniques et antidiabétiques alors que les pieds riches en thymol et carvacrol (substances qui donnent l’odeur classique du thym) sont antiseptiques, antispasmodiques et vermifuges. Il en va également ainsi des populations de romarin, dont les huiles essentielles peuvent renfermer majoritairement de la verbénone (Corse), du camphre (France, Espagne…) ou du 1,8-cinéole (Afrique du Nord), etc. et des sous-espèces d’origan commun pourvues (Origanum vulgare ssp. hirtum et ssp. viride – Grèce, Turquie) ou dépourvues de phénol (O. vulgare ssp. vulgare – reste de l’Europe et O. vulgare ssp. virens – Péninsule Ibérique).
Un réseau de recherche appliquée au service des producteurs
L’approvisionnement en semences de plantes cultivées n’est pas évident sur le marché grainier et quand elles y sont disponibles (c’est le cas des semences des espèces aromatiques les plus classiques), elles ne correspondent que rarement aux exigences d’une production professionnelle. Le “Réseau PPAM”, constitué de l’iteipmai, du Cnpmai et du Crieppam (Centre régionalisé interprofessionnel d’expérimentation en plantes à parfum, aromatiques et médicinales), a engagé depuis de longues années des programmes de sélection et de création variétale sur une vingtaine d’espèces (les plus importantes économiquement pour la filière – basilic, origan, romarin, sauges, menthes, thym, mélisse, valériane,…). Ces travaux sont orientés par les producteurs et les utilisateurs de plantes lors de commissions interprofessionnelles annuelles et ensuite validés par un conseil scientifique composé d’experts. Ils portent principalement sur l’étude et l’utilisation des ressources génétiques disponibles dans le but d’améliorer certains facteurs de production. Des centaines d’autres espèces sont encore cueillies à l’état sauvage et, pour un certain nombre d’entre elles, devant la baisse de leurs ressources naturelles, la mise en culture devient une priorité (arnica, adonis, gentiane, calament…). Pour y parvenir, des programmes sont mis en place par le Réseau PPAM.