La palette du fleurissement urbain
Yves Dupont
Le terme de « fleurissement urbain » sous-tend traditionnellement une approche essentiellement saisonnière : fleurissement printanier et estival de nos villes, parfois aussi automnal. L’évolution récente - depuis quelques décennies – des cités, de leurs structures, de leurs architecture et paysage, de leur tissu urbain et aussi des attentes de leurs habitants a fait évoluer favorablement le concept de fleurissement de manière beaucoup plus globale.
Angers : Le jardin des plantes
De « décoration urbaine temporaire », le fleurissement urbain est devenu, ou est en passe de devenir, un concept beaucoup plus large et équilibré, une part essentielle et intégrée de la végétalisation des villes. Penser fleurissement est devenu, pour les responsables des services municipaux concernés, une autre approche de « la fleur de ville » inscrite dans un paysage global. Celui-ci se décline désormais à travers ses composantes que sont l’écologie urbaine, l’urbanisme, l’histoire locale, le climat et aussi les éléments constitutifs du « paysage végétal » que sont les arbres, les arbustes, les vivaces, les bulbes, les saisonnières, en n’omettant pas les plantes indigènes à coté des végétaux d’origine horticole.
Fleurissement et écologie urbaine
L’écologie urbaine, notion assez récente et souvent plus affichée que définie précisément, relève de l’équilibre entre les différents constituants physiques de la cité : bâtiments, voirie, espaces végétalisés, rivières, sols, climat local, etc. Elle n’en a pas moins un rôle fondamental dans la conduite des végétaux choisis. On sait en particulier que la ville, de par sa construction même, est génératrice de microclimats nombreux et variés ; on devra en tenir compte dans le choix des végétaux de cette palette fleurie. Ombre et lumière, couloirs de vents, humidité ou sècheresse dominante compliquent la tâche du paysagiste qui, en cas d’oubli de cet incontournable critère, s’expose – et les habitants avec - à de fâcheux revers. Le climat local demeure un paramètre de base, tempéré par les microclimats urbains, mais aussi incontournable.
La tentation d’usage de végétaux chatoyants mais « hors climat » est souvent un leurre. La France est riche des siens, de l’humide au très sec, du montagnard au bord de mer, du continental au méditerranéen : il en résultera par le choix des palettes fleuries des paysages variés, typés et bien adaptés aux sites.
Palette fleurie et paysage global
En matière de « paysage global », il y a autant de cas que de villes ou presque : chacune est particulière et chaque paysage urbain est unique. Telle cité sera marquée du sceau d’une riche histoire, telle autre d’une plus large modernité, telle autre encore d’une industrie omniprésente. On élaborera les palettes fleuries en fonction de ces caractères dominants. L’urbanisme, dans son analyse, est aussi une pièce maîtresse de cette approche : ville monocentrique, polycentrique, rivière traversante, quartiers d’habitat individuel avec jardin, habitat collectif, monuments historiques, etc. Les besoins en fleurissement en seront d’autant diversifiés...