Les conséquences du changement climatique sur les insectes. L’exemple des papillons au jardin

Vincent Albouy

La première conséquence du réchauffement climatique pour les insectes de nos jardins se traduira par des disparitions et des apparitions d’espèces. Par exemple la petite tortue (Aglais urticae), longtemps l’un des papillons les plus communs car sa chenille se nourrit sur les orties, est aujourd’hui devenu très rares dans les plaines du sud et de l’ouest. Elle n’est encore abondante que dans le nord-est ou les montagnes au sud. Au chapitre des apparitions, les jardiniers habitant le littoral méditerranéen peuvent admirer depuis une vingtaine d’années le petit monarque (Danaus chrysippus), un papillon tropical qui ne dépassait pas l’Egypte il y a encore 50 ans.

 

Le Moro sphinx Macroglossum stellatarum peut s’implanter très rapidement en zone favorable

Le Moro sphinx Macroglossum stellatarum peut s’implanter très rapidement en zone favorable.

 

La petite tortue Aglais urticae est en voie de disparition

Le réchauffement climatique actuel n’est pas totalement comparable aux épisodes naturels qui l’ont précédé. Il intervient dans un monde où l’influence de l’homme est de plus en plus forte. Provoqué par le rejet massif de gaz à effet de serre du fait des activités humaines, il est beaucoup plus rapide. D’autre part, les surfaces en agriculture intensive, les zones urbaines, les réseaux d’infrastructures de transport sont autant d’obstacles à la libre circulation des espèces. Celles se déplaçant facilement auront donc un avantage sur celles se déplaçant difficilement.

 

Chenilles emportées par le vent

Cela n’a rien à voir avec la faculté de voler. Parmi les papillons, certaines lycènes volent très bien, mais restent cantonnées sur leurs lieux de naissance. A l’inverse, les espèces migratrices comme certains sphinx, dont le représentant le plus fréquent au jardin est le moro-sphinx (Macroglossum stellatarum), la belle-dame (Vanessa cardui) ou le souci (Colias crocea), peuvent s’implanter aussitôt dans les nouvelles zones devenues favorables à leur reproduction.

La chenille de la phalène brumeuse (Operophtera brumata) est particulièrement dommageable au feuillage de nombreux arbres et arbustes sauvages ou cultivés. La femelle étant aptère et ne pouvant quitter l’arbre qui l’a vu naître, on pourrait penser que le réchauffement climatique lui sera fatal. Malheureusement les jeunes chenilles qui viennent d’éclore montent à la cime des arbres et se laissent emporter par le vent pour se disperser. Elles coloniseront donc facilement les régions du nord de l’Europe au climat encore trop rude actuellement.

 

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