Cultiver des orchidées en intérieur
Philippe Lemettais
Depuis quelques années, la diminution régulière du prix des Phalaenopsis a élevé ces orchidées au niveau des plantes d’intérieur de grande consommation . Le choix du Phalaenopsis par les industriels n’est pas un hasard. Les hybrides créés permettent d’obtenir des plantes d’entretien facile et surtout régulier, pouvant trouver leur place dans n’importe quel appartement. Les amateurs s’orientent maintenant vers des orchidées plus originales, et certaines jardineries commencent à diversifier leur offre. Ces « nouveaux » genres ont leurs spécificités de culture.
Voici un bref rappel des conditions de culture des Phalaenopsis et un petit tour d’horizon de ces autres genres courants qui nécessitent des conditions de culture assez constantes.
Le Phalaenopsis est une orchidée d’entretien facile - © P Lemettais
Pour obtenir de belles floraisons, il faut se rapprocher autant que faire se peut des conditions que les orchidées connaissent dans leur milieu naturel.
Écarts de température journaliers
Dans la nature, les écarts journaliers de température sont très variables. En montagne, l’air se réchauffe ou se refroidit rapidement. Un écart supérieur à 10-12°C est la règle. Au contraire, dans les forêts tropicales de basse altitude, le couvert végétal empêche le refroidissement nocturne et l’écart diurne ne dépasse guère 5°C.
Dans un appartement, on ne laisse peu la température baisser pendant la nuit. Mais en laissant une fenêtre entrouverte ou en rapprochant une plante très près d’une vitre, on peut obtenir des variations de température très supérieures à celles des pièces.
Par contre, des variations plus importantes sont enregistrées dans les vérandas. Si vous disposez d’un jardin ou d’un balcon, vous pouvez obtenir des écarts supérieurs à 10°C.
Enfin pour obtenir ces écarts thermiques, vous pouvez aussi déplacer votre plante dans un garage pour la nuit.
Écarts de température saisonniers
Quand les conditions climatiques naturelles varient peu au cours de l’année, les plantes n’ont pas besoin d’élaborer des organes de stockage sophistiqués. Un léger gonflement des racines et/ou l’épaississement des feuilles suffisent. C’est le cas des Phalaenopsis, Vanda, Ascocenda, Masdevallia, Paphiopedilum (ou Sabot de Vénus).
Dans les zones tropicales, on distingue deux saisons : l’une sèche mais où persiste une forte humidité ambiante, l’autre pluvieuse où de fortes pluies quasi-journalières arrosent copieusement les plantes qui sèchent très rapidement étant donné la température élevée. Nombre de plantes de ces régions fabriquent des pseudo-bulbes, portions de tiges transformées en organes de stockage, pour faire face à la saison sèche. Cette période de repos végétatif est alors indispensable pour obtenir une floraison (cas des genres Dendrobium, Cymbidium, Oncidium et Cattleya).
Dans les montagnes tropicales, la brume et la fraîcheur sont de rigueur (forêts de nuages) où on trouve de nombreuses orchidées très intéressantes (genres Odontoglossum, Masdevallia)
Orchidées à conditions climatiques peu variables sur l’ensemble de l’année
Les larges feuilles des Phalaenopsis trahissent une adaptation à une lumière modérée, tandis que les feuilles en lanière des Vanda et Cymbidium indiquent un besoin de lumière plus vive.
Quand vous achetez une plante en fleur, en général elle a été cultivée dans de bonnes conditions, sinon elle ne fleurirait pas (notez bien la teinte des feuilles). Vous choisirez donc l’endroit le mieux adapté pour la cultiver. Au bout de quelques temps, si les conditions ne sont pas bonnes, la plante va tenter de s’adapter pour survivre.
Si elle ne dispose pas d’assez de lumière, elle va compenser en augmentant la quantité de chlorophylle : ses feuilles deviennent plus sombres. Placez là plus près de la fenêtre, ou choisissez une fenêtre plus exposée au soleil.
Au contraire, si elle est inondée de lumière, les feuilles vont jaunir, et il vous faudra la placer un peu plus loin des sources de lumière.
L’humidité ambiante est un facteur essentiel pour la bonne santé des racines. Les orchidées sont vendues en pot plastique (sauf les Vanda en vase) dont le fond est percé de trous permettant l’écoulement de l’eau après l’arrosage. Les racines s’enroulent au fond du pot. Pour obtenir une forte humidité sans risque de pourriture, on peut placer le pot plastique dans un cache-pot dont le fond est garni d’une bonne couche de billes d’argile avec de l’eau jusqu’à hauteur des dernières billes. En s’évaporant, l’eau donne une bonne humidité au niveau des racines.
Pour le feuillage, on peut placer le pot sur une très large soucoupe garnie de billes d’argile humides ou brumiser le dessous des feuilles une fois par jour, le matin, en veillant à ne pas laisser l’eau s’accumuler au cœur de la plante ou à la base des jeunes pousses.
Le genre Phalaenopsis
Plante à végétation régulière, le Phalaenopsis (cf. la photo en début d’article) est par excellence la plante d’appartement pour débutant. Il peut se satisfaire d’une fenêtre orientée au nord en été. Mais en hiver, une fenêtre plus lumineuse est souhaitable, sans soleil direct.
La température constante d’un appartement lui convient très bien, vers 20-22°C. On a vu ci-dessus comment lui fournir une bonne humidité ambiante.
Un trempage du pot, sur les 2/3 de la hauteur, une fois par semaine pendant 1/4 heure, avec de l’engrais à demi-dose doit suffire, sauf très forte chaleur. Bien laisser égoutter.
Quand toutes les fleurs sont fanées, vous pouvez couper :
- soit juste au dessus du premier œil dormant, à la base de la hampe florale. Il faudra attendre assez longtemps (6 à12 mois) pour voir se développer la nouvelle hampe qui fournira des grosses fleurs
- soit au dessus du dernier œil dormant au sommet de la hampe. La floraison sera plus rapide, mais les fleurs plus petites.
Un autre article à paraître se penchera sur des genres aux conditions de cultures très contrastées, profitant largement d’un séjour estival à l’extérieur.
D’autres genres d’orchidées
© P. Lemettais
Vanda, Ascocentrum, Ascocenda
Ces genres tendent à se substituer aux Phalaenopsis pour symboliser le luxe et le raffinement. Les Vanda donnent des plantes de grande taille, avec des hampes florales de 40 à 50 cm portant 5 à 15 grosses fleurs. Chez les Ascocentrum, les plantes sont plus petites, les hampes assez courtes portent jusqu’à 50 fleurs plutôt petites et très colorées. Leurs hybrides Ascocenda donnent des plantes intermédiaires bien adaptées à la culture en appartement. Mais il leur faudra beaucoup de lumière toute l’année, avec un léger voilage pour éviter le soleil direct en été, tandis qu’en hiver le plein soleil sera le bienvenu.
La mode est à la culture dans de grands vases pour stabiliser la plante et pouvoir la baigner facilement. Une fois par semaine en hiver, deux fois en été, on remplit le vase d’eau non calcaire avec de l’engrais à demi-dose une fois par mois. On laisse baigner une bonne ½ heure, et on vide. On laisse égoutter, et on revide pour qu’il ne reste pas d’eau stagnante au fond du vase. Veiller à ne pas laisser l’eau s’accumuler à l’aisselle des feuilles, ce qui pourrait les faire pourrir. À la fin de la floraison d’une hampe, on peut la couper à la base.
© P. Lemettais
Masdevallia
On trouve assez facilement des plantes à fleurs jaunes, hybrides de M. hirtzii ou M. veitchii. Ces plantes se cultivent dans une pièce fraîche, avec un éclairement intermédiaire et doivent être arrosées très régulièrement, les racines ne doivent jamais sécher. Bien cultivées, la floraison est quasi-continue pour les plantes de bonne taille.
© P. Lemettais
Paphiopedilum
Ces plantes, de culture facile, sont des orchidées de choix pour les débutants. Au moins les hybrides de jardinerie. Elles fleurissent une seule fois par an, mais la fleur dure plusieurs semaines.
Elles doivent être arrosées très régulièrement à l’eau un peu calcaire, en les espaçant un peu en hiver. Une forte humidité ambiante est profitable, mais il faut éviter de mouiller le feuillage. Elles ont besoin de peu de lumière et peuvent se contenter d’une fenêtre orientée au nord. Leur substrat toujours humide se dégrade assez vite, c’est pourquoi il est préférable de les rempoter tous les ans.
© P. Lemettais
Ludisia
Ludisia discolor est considéré comme une orchidée ‘bijou’, cultivée essentiellement pour la beauté de son feuillage. Il doit être arrosé régulièrement, mais le substrat doit sécher superficiellement entre deux arrosages, sinon la tige pourrit à la base. Il se satisfait de très peu de lumière, et peut être cultivé en lumière artificielle, à température voisine de 20°C.