Édito : L’Arbre et l’Expert
Daniel Lejeune
On prête à François-René de Chateaubriand la célèbre phrase « Les forêts précèdent les civilisations, les déserts les suivent ».
Platane dans le parc du château de Chantilly - © J.-F. Coffin
En ces merveilleux temps où les erreurs précèdent parfois les arbres et les regrets les suivent, le Comité de rédaction de Jardins de France a demandé à Raymond Durand, conservateur honoraire de l’arboretum des Barres et expert arboricole reconnu, de piloter un dossier spécial consacré à la compréhension et à la gestion de ce grand inconnu : « l’arbre ».
Ne nous laissons pas abuser : il y a arbre et arbres. Leurs caractéristiques et leurs qualités techniques sont loin d’être interchangeables : sait-on bien les reconnaître ?
Ensuite, rien n’est plus trompeur que l’aspect de chacun d’entre eux : son développement, ses dimensions, son tour de taille. Comment estimer l’âge d’un arbre et son espérance de vie ?
Comme tout être vivant, l’arbre abrite, nourrit ou supporte tout un cortège de plus petits que lui. Est-il en état de résister aux plus voraces ? Des signes extérieurs de fatigue ou de décrépitude sont-ils déjà au clignotant ?
L’arbre privé peut, avec le temps, réserver de curieuses surprises par son envergure d’abord, par la chute de ses feuilles ensuite… et un jour, par l’existence de ses racines ! Quant à l’arbre public, il a la fâcheuse habitude de se jeter sur les engins de chantier ou sur les véhicules… même en stationnement, comme s’il voulait entraîner élus et gestionnaires dans une mauvaise cause.
Alors, tout comme le duc de Guise, l’arbre abattu est encore plus grand mort que vivant…
Soigner est difficile, réparer est quasi impossible, ressusciter est exclu. Saurait-on prévenir ?
Le bon choix du bon arbre, au bon endroit, cultivé avec soin, planté selon les bonnes règles : plus qu’une expertise, un art !