Les vers de terre, ingénieurs de l’écosystème
Guénola Peres
En France, il existe une centaine d’espèces de vers de terre (8-15 espèces en prairie, 4-12 en terres cultivées) qui sont classées en trois catégories écologiques :
- les épigés (ex : vers de fumier), de petites taille (1-5 cm), très colorés (rouge sombre) et vivant à la surface du sol dans la litière. Ils sont très efficaces pour le fractionnement de la matière organique ;
- les anéciques, de grande taille (8-110 cm), présentant un gradient de couleur de la tête (rouge ou noire) à la queue. Ils creusent des galeries verticales pouvant atteindre 5 m de long, peu ramifiées et qui favorisent l’infiltration de l’eau dans les sols. Ils enfouissent la matière organique (feuille, herbe) la brassant avec la terre et redéposent leurs déjections à la surface du sol sous de petits monticules appelés « turricules ». Ces derniers augmentent la rugosité de surface, contribuant à réduire la vitesse de ruissellement et de ce fait l’érosion (-55%) ;
- les endogés, de taille moyenne (1-20 cm), très peu colorés (blanchâtre, rosâtre, verdâtre) vivant dans le sol (entre 2 et 30 cm de profondeur) ; ils creusent des galeries temporaires qu’ils rebouchent partiellement avec leurs déjections créant une structure grumeleuse dans le sol (éponge) qui va améliorer la capacité de rétention en eau du sol (+21%).
Contribution écologique
Tous ces vers de terre créent ainsi des conditions favorables pour les microorganismes (bactéries, champignons) dont l’activité va être stimulée, favorisant le cycle des nutriments (P, C, N), ainsi que la dégradation des polluants (ex : pesticides).
Par toutes ces actions les vers de terre, considérés comme des ingénieurs de l’écosystème, contribuent aux services écosystémiques rendus par les sols, agissant notamment sur la régulation de l’eau (flux et qualité) et sur la production végétale, en améliorant en moyenne de 25% les rendements.
Les communautés de vers de terre (nombre, biomasse, différentes espèces) et leurs activités sont fortement influencées par les caractéristiques du milieu (pH, texture), ainsi que par les pratiques agricoles. Les travaux récents soulignent les bénéfices d’un travail du sol réduit, d’une couverture végétale permanente (culture, inter-culture, résidus, mulch) et des rotations culturales, ainsi que l’intérêt de réduire l’usage des pesticides.