Des grimpantes qui ne le sont plus
Olivier Pantin , Alain Cadic
Pour la clématite et le chèvrefeuille, il s’agissait essentiellement de créer des variétés non grimpantes à grandes fleurs. Pour cela, deux techniques de création de variabilité ont été employées : l’hybridation interspécifique et la mutagénèse.
Le chèvrefeuille
Le Lonicera est un genre largement répandu dans l’hémisphère nord. Ses 180 espèces sont réparties en deux sous genres (Chamaecerasus et Lonicera). Le premier porte des inflorescences en paires axillaires. Il est constitué d’espèces à port arbustif sauf dans la section Nintoa à laquelle appartient par exemple Lonicera japonica. Le second est caractérisé par ses inflorescences en bouquets terminaux et son port grimpant.
Le programme de sélection avait pour objectif de créer des variétés à port arbustif développant de grandes fleurs comme chez beaucoup d’espèces au port grimpant.
Compte tenu de la diversité rencontrée dans le genre, il était tentant de croiser des espèces à port arbustif par des espèces à port grimpant. De très nombreux croisements ont été essayés sans succès notable. La distance génétique séparant ces groupes d’espèces était trop importante pour que des embryons puissent se développer normalement. Le sauvetage in-vitro d’embryons immatures n’a donné aucun résultat pour cet objectif.
Cependant, l’autofécondation forcée d’un semis de la variété Lonicera periclymenum ‘La Gasnerie’ a produit la variété CHIC&CHOC® ‘Inov205’ caractérisée par un port compact qui autorise la culture en pot ou en bac ; de plus, le rose pourpré des boutons floraux évolue vers un blanc rosé puis jaune orangé des fleurs. Le caractère semi persistant du feuillage ajoute un attrait supplémentaire.
Parallèlement, un programme de mutagenèse employant les rayons gamma, associé à la culture in vitro a été initié. Partant de la variété de Lonicera japonica ‘Hall’s Prolific’, un mutant très compact a été obtenu qui ne dépasse pas 80 centimètres après plusieurs années de culture.
La mutagenèse peut conduire à des chimères[1]. Pour se prémunir de tout incident en cours de multiplication, nous avons effectué une sélection généalogique par bouturage en suivant respectueusement l’origine des pieds-mères et en écartant de la multiplication ceux qui semblaient donner des rameaux longs. Nous avons ensuite autofécondé l’un de ces mutants. Le matériel ainsi produit est en cours de multiplication et d’examen chez les producteurs.
La clématite
La diversité du genre Clematis est également assez grande. Il existe quelques espèces non grimpantes dont les fleurs sont plus petites que celles des variétés les plus communes de nos jardins et assez souvent tournées vers le sol.
Un plan de croisement faisant intervenir C. integrifolia ou C. heracleifolia avec de nombreuses variétés introduites dans la collection de travail a été initié. Les difficultés liées à la distance génétique entre les partenaires sont vite apparues. En général, la fécondation a bien lieu mais l’embryon meurt rapidement après quelques divisions de l’œuf. La technique de sauvetage d’embryon assistée par culture in-vitro a été développée. Ceci a permis la production de nombreux hybrides parmi lesquels une sélection a été faite.
La première variété sélectionnée et éditée par Sapho est la variété SAPHYRA® Indigo ‘Cleminov51’. Elle mesure environ 1,20m, ses fleurs à 5-6 tépales d’un bleu- violet foncé mesurent environ 10cm de diamètre. La variété est très florifère de juin aux gelées. Elle résulte du croisement C.integrifolia ‘Olgae’ par ‘The President’.Deux autres variétés sont issues du même programme de sélection : SAPHYRA® Estrella ‘Cleminov27’ résulte du croisement entre C. integrifolia ‘alba’ par C. ‘Syrena’ et SAPHYRA® Duo Rose ‘Cleminov29’ qui provient du croisement C. integrifolia ‘Durandii’ par C. ‘Hagley Hybrid’. Ces deux variétés viennent compléter la gamme de coloris, la première par des nuances de violet plus clair et la seconde par un double coloris rose. Ces variétés ont aussi la particularité de ne pas s’enrouler comme les Clématites grimpantes. De par leurs qualités nouvelles ces clématites sont utilisables comme plantes couvre-sol, en association avec des arbustes. Un usage nouveau pour les Clématites qui bouscule quelque peu les habitudes des concepteurs et des consommateurs. Outre cet usage en jardin, elles pourraient connaître un développement comme plante en pot ; un débouché pour la fleur coupée est en cours d’expérimentation. Les clématites, en particulier ces variétés, ont une tenue en vase tout à fait intéressante.
Ces programmes commencés au début des années 90 ont produit les résultats escomptés. Des débouchés nouveaux, qui n’avaient pas été imaginés à leur lancement, pourraient accroître l’intérêt de l’une ou l’autre de ces variétés. Enfin, elles constituent un point de départ pour l’obtention de variétés encore plus performantes.
* Le programme a été cofinancé par l’INRA et par un groupement de pépiniéristes associés dans un Groupement d’Intérêt Économique (GIE Saphinov)
[1] voir les articles sur la mutagénèse dans la rubrique Botanique de Jardins de France
[i] Le programme de sélection des chèvrefeuilles a été géré par le second auteur puis par Véronique Kapusta, tous deux ingénieurs INRA. Le programme de sélection des Clématites a été entièrement géré par Laurence Arène (GIE Saphinov)
Elles grimpent chaque année
Les grimpantes annuelles séduisent par leur beauté, la magnificence de leurs fleurs. Si elles ont une vie éphémère, l’espace d’une année, elles ont toute leur place dans un jardin fleuri et sont également très appréciées pour garnir un balcon ou une terrasse. Attention, elles craignent les gelées !
Généralement de semis facile, elles grandissent rapidement d’où la nécessité d’une terre riche où elles doivent trouver les éléments favorables à leur croissance. Les premiers semis en plein air peuvent débuter vers la mi-mai si le climat est tempéré, jusqu’à début juin. Certaines espèces sont vendues en godets.
La plupart des grimpantes annuelles sont des plantes de soleil. Naturellement, elles nécessitent un support où elles « grimperont » spontanément mais auront parfois besoin d’un coup de main pour les fixer, que ce soit sur un tuteur, une pergola, un arbre ou autre treillage.
Parmi les plus courantes :
– l’ipomée – Ipomoea – liseron des jardins ou volubilis. Fleurs bleu, rose, blanc, violet, rouge.
– la belle de jour – Convolvulus tricolor – proche de l’ipomée.
– La capucine – Tropaeolum majus. Les feuilles et les fleurs (jaune, orange, rouge) sont comestibles.
– Le pois de senteur – Lathyrus odoratus. Couleurs variées, parfumé comme son nom l’indique !
– La Suzanne aux yeux noirs – Thunbergia alata – annuelle sous nos climats. Fleurs variant du rouge, orange, rouge orangé et jaune vif avec le centre violet-noir.
– Le haricot d’Espagne – Phaseolus coccineus L. Fleurs rouge écarlate ou blanches.
– La cobée – Cobaea – annuelle sous nos latitudes. Feuillage assez dense, fleurs ressemblant à des campanules violet mauve.
Les grimpantes annuelles ont une place de choix sur les présentoirs des jardineries où leurs sachets de graines offrent toutes les explications sur les coloris, la hauteur, les conditions de culture.
Jean-François Coffin