Vilmorin-Mikado : Expertise et minutie de la production de semences de carotte

Depuis des décennies, les carottes font partie des légumes les plus consommés de France (1*). Vous les avez connues dès votre enfance, avec les petits pots, pour les retrouver dans beaucoup de vos plats. Crues ou cuites, elles satisfont les papilles, depuis l’apéritif jusqu’aux entrées, soupes et accompagnements, sans oublier les desserts ! Elles arrivent dans nos assiettes après avoir été cultivées par des agriculteurs. Et, pour cultiver des carottes, il faut des semences. Comment sont-elles produites ? Il s’agit d’une expertise à part entière, souvent méconnue, qui nécessite rigueur, technicité et anticipation. Voici le parcours d’une semence de carotte.

Expert mondial de la carotte, le semencier franco-japonais Vilmorin-Mikado est spécialisé dans la création, la production et la commercialisation de semences potagères pour les professionnels depuis 1743. La production de semences fait partie de son cœur de métier. Or, elle contribue également à la sécurité alimentaire, mais diffère de la production agricole. L’objectif est de reproduire en nombre les semences d’une même variété pour qu’elle puisse être cultivée à plus grande échelle. Pour cela, il faut que chaque semence possède les mêmes caractéristiques génétiques que la variété initiale obtenue par les sélectionneurs. Laurent Mercadié, approvisionneur Carotte, résume : « Notre travail consiste à produire des semences de haute qualité. Il faut approvisionner la quantité demandée, dans le temps demandé, à la qualité demandée. »

Définir le besoin en production et la stratégie d’approvisionnement

La production ne commence pas à la récolte des semences mais à l’évaluation du besoin. Quelles sont les variétés correspondant à la gamme ? Quels sont les prévisions de vente et les stocks disponibles ? Il s’agit alors de déterminer les quantités à produire par variété, deux fois par an, pour les hémisphères nord et sud. Il faut ensuite choisir les lieux de production en prenant en compte plusieurs critères. L’enjeu ? « Répartir le risque pour sécuriser la production des semences, précise Laurent Mercadié. Pour produire de la carotte, on a des contraintes agronomiques, comme la présence de carottes sauvages, qui peut compromettre à terme la pureté variétale. On rencontre aussi des contraintes climatiques car on a besoin d’un temps propice au travail des abeilles qui pollinisent les fleurs de carottes et d’un temps adapté pour la récolte. Et chaque variété est différente. On ne produit pas la semence de la variété Maestro (2*) comme on produit celle de Verano (2*). Il faut en permanence adapter les cycles de production », souligne-t-il.

Multiplier les semences

Pour produire les graines, les semenciers font appel à des agriculteurs-multiplicateurs qui reproduisent en grande quantité les graines du semencier. En véritables spécialistes, ils disposent de matériels dédiés pour semer, récolter et nettoyer les semences potagères. Une fois montée à graines, la partie aérienne de la plante est fauchée pour ensuite être ramassée à la moissonneuse-batteuse.

Les semences sont ensuite prénettoyées (on enlève les petits et gros déchets) et ébarbées (on retire les cils des semences par friction mécanique) avant d’être envoyées à l’usine du semencier.

Il s’agit d’un travail d’expert très suivi. « Nous avons un rôle important d’accompagnement et de conseil technique auprès des agriculteurs-multiplicateurs, avec lesquels nous travaillons, pour certains, depuis de nombreuses années », relève Laurent Mercadié.

Réceptionner et tester les lots de semences

Lorsque l’usine reçoit un lot de semences, elle contrôle sa provenance, évalue son taux d’humidité, sa qualité et assure sa traçabilité. « Chaque lot est singulier », précise Pierre Cammal, directeur de l’usine de La Ménitré (Maine-et-Loire). Dans un premier temps, un échantillon est prélevé pour établir les caractéristiques du lot : Quel est le pourcentage d’impuretés ? Quelle est la qualité des semences ? Des tests de pureté génétique sont réalisés pour vérifier qu’il s’agit de la bonne variété, puis des tests sanitaires pour s’assurer que le lot est exempt de maladies.

Leur taux de germination est également analysé. Une méthode de nettoyage spécifique sera appliquée au lot en fonction des résultats, des besoins du client et de la réglementation du pays de destination. « Pour obtenir une semence qui se distingue par sa qualité et son homogénéité, nous assurons un contrôle qualité à toutes les étapes, et ce, dès la réception du lot, explique Evelyne Chaumat, responsable du laboratoire de contrôle qualité. Toutes les analyses réalisées au laboratoire sont accréditées pour la carotte. Un gage de qualité pour le client auprès de qui l’impartialité des résultats est assurée. »

Nettoyer et optimiser sanitairement les lots

Le nettoyage des semences constitue une phase importante pour obtenir le lot le plus pur possible. À l’aide de machines spécifiques, telles que le nettoyeur-séparateur ou les trieurs optiques, les poussières, petits déchets végétaux et adventices sont retirés. En fonction des résultats des tests sanitaires, les semences peuvent être désinfectées pour faire disparaître les maladies telles que les Alternaria et le Xanthonomas hortorum pv. carotae qui touchent particulièrement la carotte.

Calibrer et trier les semences

Les semences sont ensuite calibrées (triées suivant leur taille) pour découper uniformément le lot et ainsi permettre un semis de précision et une levée homogène. « Taille, forme, densité, couleur, perméabilité… Toutes les caractéristiques physiques de la semence sont utilisées pour nettoyer un lot », souligne le directeur de l’usine.

Optimiser la semence, conditionner, expédier

Selon la demande du client, les semences peuvent ensuite bénéficier d’une optimisation physiologique. L’activation permet une germination rapide et une levée uniforme. L’enrobage (3*) évite les doubles et les manques lors du semis : le positionnement dans le semoir est facilité ainsi que la visualisation de la semence via la couleur. La carotte, très sensible aux problèmes de densité de semis, voit sa levée favorisée. Quant au pelliculage (4*) qui protège la semence, il offre une meilleure semabilité tout en assurant une germination optimale.

Une fois contrôlées, nettoyées et optimisées, les semences sont conditionnées puis envoyées dans le monde entier. Au final, il n’aura pas fallu moins de dix étapes aux semences de carottes avant d’arriver dans les champs pour être enfin cultivées !

Et demain ?

Dans un environnement de plus en plus complexe où les contraintes climatiques et réglementaires s’accentuent (raréfaction de l’eau, recherche de nouveaux virus…), la production de semences devra faire face à de nombreux défis pour continuer d’assurer la qualité et la quantité de graines nécessaires à une alimentation durable.

Laura Garnier
Vilmorin-Mikado Responsable des relations avec les médias et de la communication institutionnelle

(1*) Le deuxième en tonnage après la tomate.

(2*) Variétés de carotte Vilmorin disponibles sur www.vilmorinmikado.fr

(3*) Enrobage : Modification de la forme et taille de la semence

(4*) Pelliculage : Fine couche recouvrant la semence pour mieux la protéger