Le bambou : Beau et fort !

Le saviez-vous ? Il existe près de 1 500 espèces de bambous recensées dans le monde ! Pourtant, il y a tant de choses que l’on ignore encore sur cette magnifique plante. Tour d’horizon.

Le bambou fait partie de la famille des Poacées, comme le maïs, le blé ou la plupart des herbes constituant nos gazons. Pour cette raison, la tige principale est appelée « chaume ». Au sein d’une même famille végétale, les plantes sont classées par genre, espèce, variété… d’après l’organisation de leurs fleurs.

Dendrocalamus asper, bambou trocial cespiteux © A. Lyonnet
Dendrocalamus asper, bambou trocial cespiteux © A. Lyonnet

Le bambou fleurit très rarement, ce qui rend difficile ce travail d’identification. Les botanistes préfèrent se fier à l’observation des caractéristiques botaniques des gaines qui entourent les jeunes pousses, ainsi que celle de l’aspect général des espèces de bambous. On comprend donc que les bambous aient plusieurs noms et puissent en changer au cours du temps ! Les dernières méthodes de détermination des espèces, à partir de l’ADN de la plante, pourront peut-être résoudre cette problématique d’identification.

Record de croissance

Le bambou détient le record de rapidité de croissance. À La Bambouseraie de Prafrance (Gard), on a pu voir des jeunes tiges pousser d’un mètre en 24 heures dans des bonnes conditions de chaleur et d’humidité ! Des espèces de bambous de climat tempéré, dont la croissance paraît phénoménale, peuvent atteindre en Europe des hauteurs de 25 mètres en conditions idéales, par opposition aux espèces naines utilisées comme gazon dans les jardins japonais. Les espèces tropicales peuvent atteindre, dans leurs pays d’origine, des hauteurs de 40 mètres avec des diamètres de tige impressionnants. Outre les facteurs habituels (sol, climat), la hauteur d’un bambou dépend également de la variété et de l’âge de sa plantation. Les chaumes sont d’autant plus gros et plus hauts que les souches dont ils proviennent sont plus âgées. On dit généralement qu’une plantation a atteint sa maturité lorsque les jeunes pousses de l’année ne dépassent pas celles sorties l’année précédente. Les Japonais disent que le bambou pousse là où pousse bien le cerisier.

Quatre groupes de bambous

Les espèces des bambous en climat tempéré sont classées en
quatre groupes :

• Les bambous nains ne dépassant pas 1,50 mètre ;
• Les petits bambous : de 1,50 à 3 mètres ;
• Les bambous moyens : de 3 à 8 mètres ;
• Les bambous géants dépassant 8 mètres.

Traçants ou cespiteux

Un bosquet de bambou a deux types de croissances : traçante ou cespiteuse.

• Les traçants ont tendance à coloniser la surface du sol disponible. Les rhizomes sous le sol présentent une croissance longue et horizontale. Les bourgeons issus de ces rhizomes peuvent engendrer de nouveaux rhizomes souterrains ou de nouvelles tiges aériennes. Les bambous de climat tempéré sont majoritairement  traçants.

• Les cespiteux (formant une touffe compacte, N.D.L.R.) ont une croissance non traçante due à des rhizomes très courts donnant principalement, à partir des bourgeons souterrains, de nouveaux chaumes aériens. Les bambous de climat tropical sont majoritairement cespiteux. Ils sont, dans l’évolution de la plante, plus originels que les bambous traçants.

Rhizome de bambou cespiteux (à gauche) et rhizome de bambou traçant © A. Lyonnet
Rhizome de bambou cespiteux (à gauche) et rhizome de bambou traçant © A. Lyonnet
Rhizome de bambou cespiteux (à gauche) et rhizome de bambou traçant © A. Lyonnet
Rhizome de bambou cespiteux (à gauche) et rhizome de bambou traçant © A. Lyonnet

Une culture facile

La culture du bambou est plutôt facile. Hormis les périodes de gel, le bambou cultivé en conteneurs peut être planté en toute saison. La meilleure période reste l’automne afin de profiter d’une terre encore chaude et des pluies pour un bon enracinement. Le bambou préfère un sol léger, frais et bien drainant. Il ne supporte pas les sols marécageux. En revanche, il se comporte merveilleusement bien sur un talus au bord d’un plan d’eau car il y puisera, au besoin, l’eau dont il aura besoin. Le pH du sol n’a pas vraiment d’influence sur sa croissance.

En pleine terre ou en jardinière

Coupe de tronçons de bambous © A. Lyonnet
Coupe de tronçons de bambous © A. Lyonnet

 

La plantation nécessite un travail préalable du sol sur quarante centimètres, avec incorporation d’un engrais naturel décomposé et un bon arrosage. Si vous souhaitez cantonner les bambous traçants à un endroit du jardin, l’implantation d’une barrière anti-rhizome est nécessaire sur une profondeur de soixante centimètres. Mais, la plupart du temps, une simple tonte autour du bosquet à la sortie des pousses suffit pour le contenir. Le bambou est parfaitement compatible avec une culture en grand pot ou en jardinière. Dans ce cas il faut apporter plus de soins au drainage des contenants, à l’arrosage et à la fertilisation. II peut aussi tout à fait être taillé pour créer des haies ou des formes particulières.

Une plante aux multiples vertus

Très prisé en Occident pour sa vocation décorative, le bambou, peu connu en France dans les années 1980, se retrouve aujourd’hui dans la plupart des jardineries. Pourtant, peu sont ceux qui savent qu’il possède également d’excellentes propriétés calorifères (une tonne de bambous équivaut environ à 500 litres de pétrole) ou, encore, que toutes les parties de la plante sont utilisées en Asie. Les rhizomes servent à la fabrication de manches de parapluies, de couteaux, de fumecigarettes… Quant au feuillage, on sait combien les herbivores, et plus particulièrement les pandas, l’apprécient !

Grâce à leur légèreté et à leur résistance à la tension, les tiges se prêtent à de multiples usages. Afin de pouvoir profiter pleinement  des capacités mécaniques des tiges, il faut les couper quand elles ont atteint l’âge de cinq ans, les faire sécher dans un endroit sans écart de température, aéré, à l’abri du soleil.

Esthétique et résistant

En Europe, le genre de bambou le mieux représenté est le Phyllostachys dont la caractéristique principale réside dans sa taille imposante de 25 mètres. Très apprécié pour son bois à la fois esthétique et particulièrement résistant, il est parfaitement adapté pour l’artisanat. Au Japon, dans un temple Shosoin, on a retrouvé des flûtes et des pinceaux en bambou de plus de mille ans, dans un état de conservation intact!

La plupart des espèces de Phyllostachys possèdent une tige verte, bien que certaines offrent quelques originalités comme celles du Phyllostachys nigra qui noircissent en vieillissant. D’autres sont tachetées, striées, nuancées de jaune, de pourpre… Certaines espèces se distinguent par leur forme, tel le Phyllostachys edulis ‘Heterocycla’ (Kikko) dont les chaumes présentent, à la base, des entre-nœuds renflés et dissymétriques. Cette singularité lui confère un attrait décoratif très recherché.

« Que ferait un pauvre Chinois sans bambou ? Mis à part le fait que cela lui procure sa nourriture, il s’en sert pour faire le toit de sa maison, le lit sur lequel il dort, la tasse avec laquelle il boit et la cuillère avec laquelle il peut manger. Il arrose ses champs avec ses canalisations en bambou, sa moisson est récoltée à l’aide d’un râteau en bambou. Le mât de sa barque est en bambou, ainsi que les brancards de sa charrette. Il est battu avec une canne en bambou, torturé par les pointes de bambou et, finalement, la corde qui l’étrangle est en bambou! »

Colonel Barrington de Fonblanque

Phyllostachys aureosulcata 'Spectabilis'
Phyllostachys aureosulcata 'Spectabilis' © A. Lyonnet
Phyllostachys edulis Heterocycla -
Phyllostachys edulis Heterocycla © A. Lyonnet
Phyllostachys nigra © A. Lyonnet
Phyllostachys nigra © A. Lyonnet

Une véritable bénédiction

L’usage du bambou demeure très limité en Occident, comparativement à l’Extrême-Orient. Il n’existe pas un jardin au Japon qui ne comporte du bambou, on y trouve palissades, pergolas, fontaines, barrières, ponts… Bien loin de nos mentalités occidentales, la philosophie asiatique ne saurait se contenter de voir dans le bambou un simple matériau utilitaire. En Chine, il est considéré comme une véritable bénédiction, comme la représentation de l’homme qui fléchit sous le poids du destin, mais que le malheur ne peut briser.

Maladie se développant en conditions chaudes et humides (Brown Patch) © C. Galbrun, DLF
Maladie se développant en conditions chaudes et humides (Brown Patch) © C. Galbrun, DLF

Antoine Lyonnet
Chargé de communication, bambouseraie de Prafrance SAS

La Bambouseraie en Cévennes est ouverte tous les jours, de février à novembre 552, rue de Montsauve 30140 Générargues www.bambouseraie.fr

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