Les strigolactones, hormones de la ramification
Alexandre de Saint-Germain
Les strigolactones est une famille d’hormones végétales qui contrôlent la ramification des plantes. Alexandre de Saint-Germain nous explique les mécanismes qui régissent ces hormones découvertes récemment et les avantages que pourrait en tirer le monde horticole s’il peut les maîtriser.
Une découverte récente : le rôle des strigolactones dans la ramification des végétaux - © J.-F. Coffin
Des composés chimiques, appelés hormones végétales, produits par les plantes, leur permettent d’échanger des informations soit entre organes soit en réponse aux stimuli extérieurs assurant ainsi un développement adaptés et harmonieux. A ce jour, moins d’une dizaine de ces messagers, regroupés en famille d’hormones, ont été identifiés. Les strigolactones constituent la famille d’hormones découverte le plus récemment pour son rôle dans le contrôle de la ramification des plantes (Figure 1). Elles présentent aussi l’originalité d’être diffusées par les racines dans la rhizosphère (zone du sol voisine et influencée par les racines) où ces molécules interviennent dans des interactions avec d’autres organismes du sol. Ainsi, elles favorisent la rencontre avec des champignons du sol, bénéfiques aux deux partenaires. On parle de symbiose mycorhizienne à arbuscules qui concerne plus de 80 % des plantes terrestres. Cette symbiose leur permet notamment de mieux résister au stress hydrique. Malheureusement, les strigolactones stimulent aussi la germination de graines de plantes parasites, comme l’Orobanche et les Striga qui peuvent causer d’importants dégâts aux cultures notamment en Afrique. Les strigolactones synthétisées dans les racines, migrent dans la tige vers les bourgeons axillaires et inhibent la ramification : il s’agit d’un rôle hormonal. Les strigolactones sont également sécrétées dans le sol. Elles attirent les champignons mycorhiziens, qui dans un environnement pauvre en éléments minéraux, aident les racines à absorber l’eau et les éléments minéraux, en échange de quoi la plante fournit les sucres nécessaires au développement du champignon. Les plantes parasites, comme l’Orobanche, utilisent les strigolactones afin de trouver une plante hôte et puiser sa matière organique (M.O.) ce qui affaiblit fortement la plante hôte.
Les strigolactones inhibent la ramification des plantes
L’architecture d’une plante est largement déterminée par le nombre et la direction des ramifications générés à partir de l’axe principal. L’organe précurseur d’une ramification est appelé bourgeon axillaire, on le trouve à l’aisselle de chaque feuille. Au cours du développement de la plante, soit un bourgeon ne grandit pas, il est dit dormant, soit il donne naissance à une nouvelle ramification, on parle de levée de dormance.
Jardins de France 631. septembre-octobre 2014