Les jardins potagers récompensés par la Société Nationale d’Horticulture de France
Jean-Marc Muller
C’est un moment important pour tous les passionnés de potager, une occasion unique de se comparer aux autres. Le plaisir demeure, pour tous, de pouvoir partager leur façon de travailler son jardin, d’entendre ce que le jury a apprécié le plus, de voir les images de leur réalisation projetée sur l’écran. Nos jardiniers sont aussi des artistes, chacun ayant sa propre sensibilité. La perception des couleurs ou des dispositions varient selon leur personnalité, l’âme du jardin étant souvent le miroir qui renvoie l’image secrète de l’Homme qui cultive son espace, qu’il soit concepteur, auteur, jardinier, maître des lieux… Et ces jardiniers récompensés ne se limitent pas à la culture mais s’ouvrent aussi aux sons, aux odeurs, aux images, aux sensations, aux visions de cet univers transformé par les saisons, les pluies, le soleil et les autres phénomènes climatiques.
Différents critères de sélection constituent le fil conducteur de ce concours. En premier lieu, le potager doit impérativement être nourricier, donc produire des légumes pour la consommation au sens large : nourrir le jardinier et sa famille, approvisionner un lieu de restauration, partager avec des amis. La catégorie des jardins pédagogiques n’échappe pas à ce prérequis, même si ce critère est moins déterminant.
Le deuxième point important est la connaissance acquise ou en cours d’acquisition. Et la façon de la partager ou de la faire connaître.
L’approche esthétique, l’organisation du jardin, la situation des végétaux les uns par rapport aux autres, les alliances de formes ou de couleurs, les touches minérales, les astuces testées représentent autant d’éléments qui peuvent faire la différence.
Le nombre d’espèces ou de variétés va signaler au jury les curieux, voire les gourmets, car les légumes les moins connus sont souvent originaux gustativement.
Enfin, la motivation du jardinier, son imagination et son épanouissement sont aussi des critères auxquels le jury s’intéresse, car ils déterminent les types de comportements : l’envie de partager, d’échanger, de transmettre et d’inscrire son univers au plus proche de la nature.
Les lauréats en mots-clés
Curiosité
Louis-Marie Palué : nominé 2017 potager privatif
Le jardin éveille ma curiosité, stimule mes connaissances et m’offre le cadre pour partager et transmettre.
Transmission
Claudine Bréon : 2e prix 2017 jardins pédagogiques
Notre but est d’éveiller le jeune public à la nature avec le souci constant de le sensibiliser à l’environnement et à la biodiversité.
Humilité
Gilbert Menzin : 3e prix 2016 potager privatif
Même après trente ans, je suis toujours un novice qui apprend tous les jours.
Expérimentation
Michel Baillet : 3e prix 2017 potager privatif
Du jardin vivrier, je suis passé à un lieu de recherche, de réflexion, d’observation de la nature, un lieu en mouvement.
Poésie
Boumédine Bemmsoussat : Grand prix 2017 potager dans un ensemble collectif
Le jardinage est un temps de tranquillité simple et de qualité où, les mains dans la terre, le coeur et le corps peuvent se ressourcer et retrouver l’énergie naturelle. C’est un temps qui conjugue ma passion au rythme des saisons pour profiter de l’arc-en-ciel, des bienfaits de la pluie qui arrose le jardin à notre place, et de toutes les autres choses qu’offre la nature.
Philosophie
Luc Maes : 2e prix 2017 potager privatif
Le travail du jardinier ne connaît pas de rupture entre l’oeuvre de la main, celle de l’esprit et celle du coeur.
Humour
Fabrice Cuvelier : 1er prix 2016 potager privatif
Je ne jardine pas avec la lune mais avec les mains !
Passion
Monique Peugeot : 3e prix 2016 potager privatif
Ce jardin est ma passion, mon évasion. J’y suis aussi heureuse que l’escargot rencontrant au printemps sa première laitue.
Respect de la nature
Johan Laskowski : 3e prix 2016 jardins pédagogiques
Nous sommes convaincus par l’idée de rendre plus comestibles nos espaces verts et par l’idée de retrouver une proximité avec une terre nourricière pour notre santé et celle de la planète.
Les lauréats : leurs impressions d’après-cérémonie
ANNA PAUCHET : 3e prix 2017 jardins pédagogiques
Un petit sentiment d’irréalité. Oui, le regard sur le jardin a évolué : collectivités territoriales, associations, jardiniers sont intéressés et demandent à visiter, à échanger. Une reconnaissance nationale constitue bien une sorte de label.
Le meilleur moment ? Réaliser que de nombreuses personnes et institutions partagent le même souci pour la nature et l’écologie urbaine, et avancent collectivement. Et ça, c’est un puissant moteur pour nous.
MARYLINE MOTTE : 1er prix 2017 potager privatif
Lorsque l’on est récompensé par ses pairs, c’est le top. Le prix SNHF 2017 est une belle et bonne surprise. Il nous a permis de faire parler de notre jardin dans la presse locale, mais c’est avant tout un formidable outil de motivation. En 2018, nous avons envie d’aller visiter les autres candidats rencontrés lors de la remise des prix, histoire d’en prendre de la graine !
ELIANE LEBRET : 2e prix 2017 potager privatif
On ressent une communauté de jardiniers et une passion partagée, ainsi qu’une relative facilité à engager la conversation avec des inconnus puisque le sujet est tout trouvé. La remise des prix est solennelle, juste ce qu’il faut. Un peu de stress, beaucoup de suspens et une immense fierté, même si on ne veut pas (se) l’avouer. La fête continue dans les semaines qui suivent quand on reçoit d’autres cadeaux : graines, bulbes, plantes et mille petites attentions chères aux jardiniers !
PAUL HERVIOU : Prix spécial du jury 2017
Après avoir rempli et déposé le dossier de candidature au Concours national des potagers, quel enchaînement de satisfactions : le mail pour annoncer la visite du jury sur le site le lundi 19 juillet 2017, puis l’invitation à la remise des récompenses le mercredi 6 décembre. Le summum ? L’immense plaisir de recevoir ce prix spécial.
Et pour 2018 ?
Le potager est en pleine mutation et s’exprime de plus en plus sous des formes diverses et parfois inattendues. Une des évolutions significatives de ces dernières années est sans nul doute le « Jardin relation ». Les potagers urbains, de réinsertion, pédagogiques, à l’école, dans l’entreprise, thérapeutiques, dans les Ehpad… sont devenus des lieux d’échange, de formation, de convivialité, de ressourcement, de relaxation mais gardent le côté nourricier qui vient compléter ce « relationnel » par le partage des récoltes, par leur préparation et leur dégustation.
Pour accompagner ce phénomène, le jury du concours a créé, pour 2018, une cinquième catégorie : les potagers partagés mis en place et cultivés au sein d’une entreprise ou par une association.