Entretenir son gazon: des règles de bon sens
Jérôme Jullien
Entretenir son gazon consiste, par un ensemble de tâches, à assurer la pérennité, l’esthétique et les fonctions du couvert végétal. Seule une bonne maîtrise de ces opérations permet d’obtenir un résultat probant, de la tonte à l’arrosage, en passant par d’autres opérations comme le ressemis.
Choisir la bonne tondeuse
Pour les grandes pelouses, préférez l’emploi d’une tondeuse thermique autoportée, dotée d’une puissante motorisation diesel ou à essence. La tonte s’effectue avec éjection latérale ou arrière pour un ramassage de l’herbe, valorisable après compostage ou comme paillage. Pour l’entretien des sols inclinés, choisissez une tondeuse à moteur 2 temps, à 4 temps avec injection d’huile ou sur coussin d’air.
Les tondeuses-robots, autonomes et silencieuses, tondent de façon aléatoire dans un espace délimité par un câble périphérique posé à ras du sol ou légèrement enterré. Ce système, apprécié des particuliers, comporte deux contraintes : la pose du câble et la fréquence rapprochée des tontes en période de croissance active du gazon pour assurer un mulching de l’herbe.
Tondre à la bonne hauteur
La hauteur de coupe d’un gazon varie avec la saison, l’âge et la fonction de la pelouse mais doit toujours être homogène et raisonnable.
Les coupes trop rases exposent les graminées aux maladies foliaires, augmentent leur sensibilité à la sécheresse et favorisent le développement d’adventices. Tondez entre 10 et 20 mm pour un gazon fin ou d’ornement ; entre 20 mm et 50 mm pour un gazon d’agrément ; entre 50 et 100 mm pour une aire de jeux ou une pelouse extensive. En période de sécheresse et en l’absence d’irrigation, ne descendez pas au-dessous de 40 mm.
Les coupes très rases et régulières des pelouses sportives et des gazons d’ornement très fins s’effectuent avec une machine à lames hélicoïdales montées sur tambour. Ce type de tondeuse ne convient pas aux terrains bosselés ou caillouteux.
A l’opposé, en zones extensives, vous pouvez opter pour l’éco-pâturage, à condition de parquer les animaux herbivores (oies, moutons, ânes, poneys…) pour ne pas qu’ils s’aventurent dans d’autres parties du jardin, au risque et péril des autres végétaux attractifs !
Découper et scarifier
Dans un jardin familial, certaines interventions améliorent la vitalité, l’esthétique, la fonctionnalité et la pérennité du gazon d’agrément.
Les découpes de bordures délimitent le développement du gazon à proximité des allées, dallages, terrasses et massifs.
Utilisez un dresse-bordure (demi-lune à découper) ou une bêche pleine en corrigeant le tracé, souligné par un cordeau en ligne droite.
La scarification est destinée à régénérer le gazon, elle est d’autant plus nécessaire que le terrain est compacté par le piétinement intensif, s’asphyxie, se ressuie mal ou est envahi de mousses. On la pratique notamment sur les pelouses entretenues par le mulching. La scarification agit plus profondément que le défeutrage. En travaillant le sol à une profondeur de 1 à 2 cm, elle permet de couper les stolons et le feuillage des adventices, revigore le tissu racinaire, évacue la mousse, stimule le tallage des graminées, améliore le passage de l’air et de l’eau, facilite l’assimilation des engrais et prévient le développement de certains parasites. On la pratique une fois par an, en avril-mai et/ou en septembre-octobre, périodes de reprise de végétation. Opérez après une tonte, par temps sec, après un désherbage sélectif ou un traitement antimousse.
Utilisez un matériel sur roues, avec lames en acier inoxydables et profil anti-bourrage, que vous pouvez louer. Les plus courageux utilisent un râteau-scarificateur à tirer ou à pousser à la main.
Ressemer pour regarnir
Le sursemis ou semis de regarnissage interviennent après une altération ou une scarification du gazon, on ressème les emplacements dénudés à l’aide d’un mélange spécifique pour retrouver une bonne densité d’herbe. Utilisez, par exemple, un gazon Label Rouge Sports et jeux, spécial regarnissage. Semez en mai-juin, voire dès mars-avril en conditions favorables ou en septembre-octobre. Arrosez après l’ensemencement.
Arroser avec discernement
L’arrosage est plus écologique et économique lorsqu’il est adapté aux exigences du gazon. Irriguez le matin, sans apport excessif. Ce n’est pas, par exemple, en inondant un gazon desséché au retour de vacances que l’on va le sauver ! N’arrosez jamais en pleine chaleur. L’eau s’évapore vite, pénètre mal dans le sol croûté, provoque un abaissement de la température et son coût est élevé. Préférez des apports abondants mais peu fréquents (20 mm/semaine, par exemple). Ainsi, les graminées disposent d’une réserve utile pour satisfaire leurs besoins. Proscrivez l’irrigation fréquente qui entraîne les nitrates en profondeur et stimule les maladies. Evitez aussi les arrosages légers. Ils entraînent un enracinement superficiel, expose le gazon à la sécheresse et à la fabrication de feutre.
L’arrosage automatique, ou effectué avec un arroseur mobile, doit distribuer l’eau régulièrement, en une pluie fine, non battante pour le sol.
Une fertilisation raisonnée
La fertilisation apporte au gazon vitalité, résistance à la sécheresse, au piétinement et à la concurrence des adventices.
Elle varie selon la composition floristique (par exemple, le pâturin des prés est plus exigeant en azote que la fétuque ovine durette), l’utilisation du gazon, la nature du sol et les pratiques culturales mises en oeuvre. La meilleure façon de la raisonner est de tenir compte des résultats d’une analyse de sol. L’erreur la plus fréquente est d’apporter en une seule fois et en grosse quantité un engrais azoté à assimilation rapide. Le gazon n’absorbe pas tout. Son feuillage se développe au détriment de ses racines et de sa rusticité. Il risque même de brunir par un excès de salinité ou contracter une maladie (oïdium, helminthosporiose, scl.rotiniose, fusariose, rhizoctone brun, pourriture brune à Pythium…). En revanche, le manque d’azote expose les graminées aux rouilles et à la maladie du fil rouge. Il convient donc de doser la fumure au plus juste à deux périodes optimales : de fin mars à mai (selon les régions), apportez un engrais azoté à action lente, souvent associé à d’autres éléments minéraux. En septembre-octobre, optez pour un engrais riche en potassium, magnésium et soufre (du Patentkali, par exemple), éventuellement associée à du phosphore.
Désherbage manuel et mécanique
Outre le désherbage chimique sélectif qui ne sera légalement plus possible dans les jardins d’amateurs à partir du 1er janvier 2019, les opérations manuelles et mécaniques sont les seules à pouvoir contenir l’enherbement indésirable d’un gazon (surtout des dicotylédones), selon le seuil établit par chacun. Un désherbage efficace se fait à un stade jeune des adventices, car elles sont plus faciles à détruire et n’ont pas atteint le stade de la reproduction. Arrachez-les avec leurs racines, puis regarnissez.
L’extraction mécanique est possible avec un couteau à lame solide ou une gouge.
Régime sévère contre mousses et algues
Pour lutter contre les mousses et les algues, évitez la plantation de grands arbres dans les petits jardins, sinon pratiquez des éclaircies de manière à laisser filtrer la lumière sur le gazon ou semez un mélange de graminées adapté ; limitez l’irrigation dans les zones ombragées ; prenez soin de ramasser les tontes en été et les feuilles mortes en automne ; apportez les engrais azotés d’après une analyse de sol, en évitant les produits acidifiants ; corrigez le pH en automne-hiver avec un amendement calcique (lithothamne, chaux magnésienne, marne, craie broyée) ; appliquez, si nécessaire, du sulfate de fer, de préférence en fin d’hiver ; regarnissez rapidement les emplacements dénudés, notamment après un émoussage, un défeutrage ou une scarification.