La publication scientifique, un travail de longue haleine
Les revues scientifiques ont pour mission de faire connaître des travaux originaux des chercheurs issus des différentes sphères de la science, diffuser leurs résultats et animer le débat des spécialistes. Elles se distinguent ainsi des revues de vulgarisation davantage tournées vers les applications.
La publication d'un travail de recherche dans une revue scientifique permet de le confronter à la communauté scientifique mais aussi de prendre date. C’est donc aussi une forme de protection et d'archivage des résultats. En effet, la publication est forcément ancrée dans un contexte scientifique plus large et doit faire référence aux travaux passés ou contemporains qu’elle confirme ou infirme selon les cas. Les revues scientifiques, dans leur grande majorité, sont devenues très spécialisées : sciences, technologie, médecine, sciences humaines et sociales. Ces revues peuvent être l'émanation de sociétés savantes ou des académies, mais peuvent aussi avoir été fondées indépendamment par des éditeurs de presse spécialisés.
Un peu d’histoire
Les premières revues scientifiques paraissent simultanément à Londres (Philosophical Transaction of the British Society) et à Paris en 1665 (Journal des savants). Elles ont servi de modèle aux revues scientifiques qui leur ont succédé. Le nombre des revues scientifiques a fortement progressé au cours des XIXe et XXe siècles, du fait du développement des sciences et surtout de la multiplication des domaines couverts.
Le contenu…
Un exemplaire d'une revue scientifique se présente généralement comme une collection d'articles ayant des auteurs différents. Les sujets de ces articles, mis à part le fait qu'ils appartiennent tous au domaine scientifique de la revue, n'ont en général pas de rapport entre eux, les articles étant simplement publiés après avoir été soumis à la revue, puis acceptés. Certains numéros spéciaux peuvent cependant traiter d'un thème plus particulier, ou être associés par exemple à la tenue d'un congrès scientifique.
Le nombre d'auteurs peut être variable. En biologie, mais pas seulement, il peut être considérable (fréquemment plus de dix) du fait de la somme d’expérimentations, de la spécialisation des groupes de recherche et de la nécessité d’utiliser des équipements spécifiques et coûteux pour acquérir des résultats fiables.
les articles fondateurs en biologie végétale
Roger Gautheret fut le premier à déclencher la prolifération des tissus de carotte (cals) et à entretenir une croissance indéfinie. En 1939 paraît la première publication La possibilité de réaliser la culture indéfinie des tissus de tubercule de carotte, C. R. Acad. Sci., 208 (2) : 118-120, puis en 1959, La culture des tissus végétaux, éditée par Masson et Cie.
Spécialiste reconnu en culture in vitro, Georges Morel adapta la culture de méristèmes aux angiospermes. Cette découverte conduisit directement à des résultats d’une grande importance économique puisqu’elle est à l’origine, d’une part, de la production de plantes indemnes de virus (1952, Guérison de dahlias atteints d’une maladie à virus, C. R. Acad. Sci. 235, 1324-1325 et, d’autre part, de la mise au point des systèmes de multiplication in vitro qui ont permis de populariser des plantes à multiplication végétative délicate comme les orchidées (1963, La culture in vitro du méristème apical de certaines orchidées, C. R. Acad. Sci. 256, 4955-4957).
Jean-Pierre Bourgin a mis au point une méthode de culture in vitro d'anthères de tabac permettant d'obtenir directement des embryons haploïdes dont le développement conduit à des plantes haploïdes viables. L’article de référence, Bourgin et Nitsch 1967, Obtention de Nicotiana haploïdes à partir d’étamines cultivées in vitro. Ann. Physiol. Vég. 9, 377-382, est l’un des articles parmi les plus cités en biologie.
Publier un article
Un comité éditorial des revues scientifiques, constitué de chercheurs renommés, réceptionne les manuscrits des auteurs. Il se charge ensuite de constituer un comité de lecture approprié et assure l'anonymat du comité en procédant à toutes les transactions entre celui-ci et les auteurs. Pour ces revues, l'évaluation par les pairs décide ou non de l’acceptabilité du travail de recherche et du manuscrit. Certaines revues scientifiques ont même poussé le système du comité de lecture jusqu'à inviter un très grand nombre voire l'ensemble des chercheurs du domaine à critiquer les articles qu'elles publient : c'est le commentaire ouvert aux pairs (ou en anglais " open peer review "). Seules les critiques jugées les plus intéressantes sont finalement publiées avec l'article original ainsi que, souvent, une réponse des auteurs.
Une des critiques les plus courantes au sujet du processus d'évaluation par les pairs est sa lenteur. Il faut généralement plusieurs mois, voire plusieurs années, dans certains domaines, pour qu'un article soit enfin publié. Ce processus garantit toutefois la qualité scientifique des publications. Et c’est ainsi, publication par publication, que les grandes théories scientifiques, comme par exemple la théorie de l’évolution, voient le jour et progressent.
Exploiter et transmettre des connaissances
La spécialisation des disciplines conduit de plus en plus au besoin de transférer les connaissances. La vulgarisation est le lien volontaire de transmission qu'effectue un chercheur, un expert, un enseignant, un animateur, un conférencier, un journaliste, du savoir qu'il produit ou maîtrise vers un autre public. De cette façon, le savoir, avec ses limites et ses incertitudes, est mis en application et/ou à la portée de tous.
Ainsi, la vulgarisation est depuis toujours intimement liée à la démarche scientifique[1]. C'est une nécessité pour l'avancée du savoir et pour la conservation de la production scientifique vue comme un bien commun. Dans le domaine de l’horticulture, des instituts techniques comme l’ASTREDHOR jouent ce rôle, depuis la recherche jusqu’à la mise en application. Ils produisent eux-mêmes des revues techniques qui mettent les résultats à portée des utilisateurs. La vulgarisation, c'est aussi l'ensemble des actions permettant au public d'accéder à la culture, et en particulier aux cultures scientifiques, techniques, industrielles ou environnementales. De ce fait, pour une discipline scientifique, la qualité de la vulgarisation qui l’accompagne est primordiale et, dans ce domaine, le rôle et la responsabilité des médias sont considérables.
[1] Application d’une méthode scientifique, c'est-à-dire mise en oeuvre d’un ensemble de règles qui guident le processus de production de connaissances scientifiques obtenues par l’observation, l’expérience, le raisonnement ou les calculs.