Semence à gazon, du champ au jardin !
Jean-Marc Lecourt , Alex Raynard
Les « graines pour la pelouse » ou les semences de graminées à gazon sont, pour le consommateur en jardinerie, à l’origine de nos beaux tapis verts… Mais, de la graine à la pelouse, ce dernier se doute-t-il de toutes les étapes à franchir avant de terminer dans son jardin ?
Depuis la parcelle de production de semences en Picardie (ici du ray-grass anglais porte-graine) jusqu'à la pelouse du particulier, un long chemin de production et d'industrialisation souvent méconnu.
Tout commence par le travail du sélectionneur qui, par croisements successifs entre variétés, cherche à améliorer certaines caractéristiques comme une pousse lente du feuillage ou encore une résistance accrue à la sécheresse. Avant la mise en production des semences à gazon en champs, dix années de sélection peuvent être nécessaires !
Récoltées, les graines seront ensuite triées pour assurer une pureté variétale maximale. Nous distinguons cinq grandes espèces de graminées à gazon : les fétuques élevées, les ray-grass anglais et les fétuques rouges (traçante, demi-traçante ou encore gazonnante).
Un ray-grass germe en une semaine, une fétuque élevée est très pérenne sur les terrains secs, une fétuque rouge gazonnante offre un esthétisme rare grâce à son feuillage dense et fin, etc. L’expertise de l’industriel, fabricant des boîtes ou sacs de gazon, réside dans l’élaboration des mélanges. En effet, chaque produit dispose d’une recette particulière en fonction des bénéfices recherchés. Un gazon dit « anglais » est élaboré avec des espèces au feuillage remarquable. La proportion de chaque espèce est, quant à elle, définie en fonction de la dynamique des plantes pour offrir au consommateur un gazon durable
Choix des mélanges et comment s’y retrouver ?
Dans le commerce, une offre large de produits permet de répondre aux principales attentes du consommateur : aspect esthétique, résistance aux jeux des enfants, limitation de la fréquence de tontes, d’arrosages ou encore réduction de la fertilisation azotée. En revanche, l’offre pléthorique et l’absence de pédagogie en magasin conduisent bien souvent le consommateur vers de fausses solution. Un seul conseil : privilégier toujours un mélange de semences à un produit dit « miracle » ou « tout en un », indiquant « résoudre tous les freins à la réssite d’un gazon »… mais qui dans la réalité technique s’avère peu efficace.
Réussir véritablement son gazon demande de bonnes graines, un sol de qualité bien préparé et un climat adapté, de préférence automnal !
La solution est végétale et variétale !
Les compositions sont basées principalement sur les espèces et variétés figurant au Catalogue Officiel Français des graminées à gazon. L’incorporation des espèces n’y figurant pas mais présentant un intérêt environnemental s’est avérée possible : trèfles et luzernes gazonnants, dactyles, koéleria, cynodon.
Une culture de fétuque élevée gazon porte-graine à la veille de la récolte : une esthétique bien éloignée de la pelouse qui en sera issue quelques mois plus tard !
« L’environnement s’enracine dans la pelouse »
Tous les gazons participent au respect et à la qualité de l’environnement. Cependant, Progazon a défini un règlement technique. « Pelouse Eco Durable », et une marque collective pour de nouvelles compositions permettant la gestion de pelouses durables répondant aux attentes et besoins de l’utilisateur et aux critères suivants : réduction des besoins d’arrosage, réduction des tontes et de leurs déchets et enfin réduction des besoins en engrais.
Qui n’a pas déjà apprécié « un beau gazon », son confort visuel ou tactile… À l’origine d’une belle pelouse, il y a souvent un agriculteur, de Champagne ou de Picardie, qui a produit dans ses champs, une semence de gazon de qualité, point de départ de toute belle surface engazonnée ?
La production de semences de gazon représente entre 5 000 et 10 000 ha en France. Ce sont des productions bien adaptées à nos conditions climatiques, même si nous sommes loin derrière le Danemark – premier producteur européen avec une production proche des 50 000 ha ! – ou encore l’Oregon, aux Etats-Unis, qui exporte dans le monde entier.
Après un développement rapide à partir des années 80, ces productionsaccusent aujourd’hui une forte baisse liée à un marché de vente atone et un manque d’attrait économique pour les agriculteurs. La France possède malgré tout de réels atouts de production (structures, compétences, expertise), aussi gageons de continuer à trouver dans le paysage agricole français ces cultures porte-graine que, sans doute, peu de personnes sauraient reconnaître au détour d’un chemin…
par François Deneufbourg
Responsable des semences fourragères et gazon à la FNAMS
Vous offrez des bons conseils concernant la semence à gazon. C’est très intéressant cette idée de mélanger des espèces de semence de gazon pour produire un gazon plus durable. Nous garderons ces conseils en tête lors de faire planter notre gazon plus tard cet été. Merci de ce partage !