Des camellias de jardin…

Alain Stervinou

Lorsque l’on parle camellia, tout le monde a en tête le Camellia japonica et ses nombreux hybrides cultivés en Europe dès la fin du 18e siècle, bien avant qu’Alexandre Dumas ne le célèbre. Les Camellia japonica sont honorés au Japon depuis des centaines d’années.

Le Camellia sasanqua est suffisamment différent pour que les Japonais l’appelle « sazanqua » et non camellia (tsubaki) comme nous, nous disons « thé » pour camellia sinensis.

Si les soins en cultures sont assez proches pour tous les camellias (même si les C. sasanqua tolèrent voire préfèrent une situation plus chaude que les C. japonica). Cependant le travail de  sélection des spécialistes sur ces cultivars à petites feuilles et petites fleurs est vraiment basé sur leurs qualités  dans les jardins beaucoup plus que sur les qualités des fleurs  elles-mêmes qui n’ont pas d’intérêt en fleur coupées. On pourrait faire un parallèle avec les rosiers, entre les variétés à grandes fleurs et les rosiers paysagers.

Signalons que l’appellation « camellias d’automne » qu’on leur donne souvent est en fait réductrice. La floraison de beaucoup de cultivars se prolonge en décembre, voire janvier. Notons également que l’espèce sasanqua a été largement hybridée, si bien que dans les camellias cultivés on trouve également des parents tels que C fraterna (yoimachi) C reticulata (‘Sugar Dream’, ‘California Sunset’, C. yuhsienensis (‘Yume’), C. oleifera (‘Survivor’) ainsi que C hiemalis (‘Showa no Sakae’, ‘Bonansa’…).

Tous les C. sasanqua sont particulièrement intéressants à mélanger en massif à d’autres plantes, arbustes ou vivaces avec des besoins similaires (sol acide). Leur feuillage vert foncé mettra en valeur des floraisons colorées ou des feuillages aux teintes différentes. Leur forme plus aérée, moins compacte que celle du C japonica, les rend plus faciles à associer aux autres plantes au jardin.

Ils sont aussi particulièrement adaptés à certains usages plus particuliers : palissage, culture en pot, constitution de haies fleuries.

Le palissage : grâce à leur bois souple on peut facilement les guider sur un grillage ou une palissade de bois. Les variétés ‘Earl Pearly’, aux grandes fleurs doubles blanc pur, ‘Narumi Gaïta’, bien parfumé, ‘Plantation Pink’ (rose simple) ou ‘Showa no Sakae’ sont intéressantes pour cela.

En pot, en isolé ou  travaillé en bonsaï, je vous conseille ‘Yuletide’, le seul vrai rouge de ce genre, au port bien compact. ‘Frosted Star’ au beau feuillage et aux fleurs blanches en étoile, ‘Survivor’, un autre C sasanqua blanc très résistant au froid, ‘Choshi Guruma’, à la fleur miniature originale ou encore, ‘Interlude’ et ‘Yume’ à la floraison bicolore spectaculaire,  rose ou blanche en fleurs jusqu’en février.

Les haies fleuries sont particulièrement réussies, composées d’une seule variété pour un effet visuel fort. Mais vous pouvez aussi associer deux ou trois variétés ou encore  mélanger les camellias avec d’autres espèces à développement similaire : bien sûr camellias à floraison printanière mais aussi rhododendons, magnolias compacts, Pieris, Eucryphias, Hydrangeas arbustifs, Choisya, Pitosporum, Enkianthus.

Les cultivars comme ‘Pink Goddess’ (très beau rose simple à grandes fleurs), ‘Bonanza’ (rouge cerise double, ‘Versicolor’ (rose et blanc) ou ‘Frosted Star’ conviennent tout à fait pour des haies de petite ou moyenne taille que vous pourrez tailler si vous le souhaitez.

Si vous désirez une haie plus haute ou  créer un fond à l’arrière d’autres plantes, je vous recommande ‘Hiryu’, une valeur sûre (rouge cerise, simple), ‘Gay Border’ (blanc bordé de rose vif, vigoureux) ‘Variegata’ au feuillage panaché de blanc, aux petites fleurs roses, ‘Sekiyo’, aux grandes fleurs rouge clair, se détachant bien sur un beau feuillage et aussi ‘Setsugekka’ ou ‘Fuji no yuki’ à fleurs blanches.

La floraison de ces cultivars est parfumée dans la plupart des cas. Plantez-les dans votre jardin ou disposez-les de façon à  profiter de cet atout bien agréable.